Présidentielle : solidarité zéro avec les mal-logés

Avec la fermeture des 19 000 places d’hébergement d’urgence ouvertes pour l’hiver, les associations dénoncent l’« hypocrisie » et la « misère » des politiques de solidarité avec les mal logés. Elles interpellaient les électeurs, jeudi 29 mars, devant le Conseil d’État.

Erwan Manac'h  • 29 mars 2012
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Présidentielle : solidarité zéro avec les mal-logés

Le quinquennat qui s’achève devait être celui du « zéro SDF ». Dès 2008, un « chantier national prioritaire » pour l’insertion était annoncé avec des belles intentions, alors que le Droit au logement opposable entrait (théoriquement) en vigueur. Mais après cinq ans de discours, les 33 associations de terrain, réunies jeudi 29 mars devant le Conseil d’État, tirent un bilan négatif. Elles sont « en colère » et dénoncent le mutisme des grands partis devant l’aggravation de la crise.

Une mission parlementaire, qui publiait son rapport en janvier 2012, chiffrait à 70 000 le nombre de places manquantes dans les centres d’hébergement d’urgence. « À la fin de ce quinquennat, les associations sortent affaiblies, alors qu’elles devraient avoir davantage de moyens pour faire face à la crise » , lance même Christophe Robert de la fondation Abbé Pierre, en dénonçant les coupes de subventions récurrentes.

-133 000 personnes sans domicile (Insee)

-2 appels au « 115 » sur 3 restent sans réponse (Fnars, juillet 2011)

-400 personnes mortes à la rue en 2010 (Collectif des morts de la rue)

Cet hiver, 19 000 places d’hébergement ont été ouvertes selon les associations (16 000 selon Benoist Apparu, Ministre du Logement) pour faire face à l’urgence. Les associations d’aide aux sans-abri et mal-logés veulent mettre fin à cette « hypocrisie de la politique saisonnière » qui ignore la détresse dès que les températures remontent. « Les 19 000 personnes hébergées cet hiver sont invisibles , dénonce Florine Siganos, coordinatrice du Collectif des associations unies, créé en janvier 2008 après le second hiver de mobilisation des Enfants de Don Quichotte. On tente donc de faire remonter leurs besoins et faire valoir leurs droits. » Selon les chiffres de Matthieu Angotti, directeur de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), 60% des personnes hébergées cet hiver n’ont aucune ressource, 40% ne bénéficient d’aucun suivi et, pour un tiers d’entre elles, aucune démarche n’a été engagée auprès des services sociaux ou de réinsertion.

« Un vrai projet politique »

Les débats occultent la crise du logement, à trois semaines d’un scrutin primordial pour le dernier secteur de l’action sociale dont l’État n’a pas encore délégué la responsabilité aux départements. «Il y a des propositions sur le logement, mais quasi rien sur l’insertion professionnelle ou les minima sociaux, mises à part les revalorisations défendues par EELV et le Front de Gauche » , résume Matthieu Angotti, qui nourrit peu d’illusion même en cas d’un changement de pouvoir en mai prochain. « Nous avons besoin d’un vrai projet politique » , prévient-il.

Le Collectif des associations unies s’est symboliquement rassemblé devant le Conseil d’État. La haute juridiction a reconnu, le 10 février 2012, le droit à l’hébergement comme une liberté fondamentale, ouvrant – théoriquement – des possibilités de recours en « référé liberté » pour les personnes sans logement. Les associations espèrent des déclarations franches et ambitieuses des candidats avant le scrutin. En attendant, 37 propositions leur ont été adressées pour la construction massive de logements, la mise en place de mesures d’urgence « dignes » et d’un accompagnement en fonction des besoins. Les réponses des candidats seront postées sur le site solidarité2012.org.

« Il faut une politique plus ambitieuse que la simple gestion de l’urgence », reportage Politis.fr :

Selon les chiffres de la Fnars, les réponses du 115, la plateforme d’urgence, sont étroitement liées aux températures : taux de réponse négative au « 115 » en fonction des températures en février 2012.

Illustration - Présidentielle : solidarité zéro avec les mal-logés

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Société
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