Bolloré, Drahi, Pigasse, Arnault : OPA sur les médias
Pour ces nouveaux magnats dont « l’intérêt premier n’est pas la presse », celle-ci est un levier d’influence. L’information est le cadet de leurs soucis.
dans l’hebdo N° 1371 Acheter ce numéro
Martin Bouygues et Arnaud Lagardère font figure de dinosaures. Le paysage médiatique s’est en effet recomposé comme jamais ces derniers mois. Après Libération, en 2014, Patrick Drahi s’est offert l’Express en début d’année. Cet été, il a pris la moitié du gâteau de Next Radio (BFMTV et RMC). Parallèlement, Matthieu Pigasse, déjà coactionnaire du Monde, ajoute Radio Nova aux Inrockuptibles dans son panier personnel. Dans le même temps, Vincent Bolloré, propulsé à la tête de Vivendi, reprend fermement Canal +, intervenant directement sur les programmes, du talk-show au divertissement en passant par la case investigation. Ce mois-ci, Bernard Arnault, patron de LVMH et propriétaire des Échos, met la main sur le Parisien : la coupe est pleine ! On appelle ça une OPA. Brutale. Parce qu’elle ne s’opère pas seulement en termes d’acquisitions capitalistiques, en ces temps de logiques industrielles. Faisant fi des lois anti-concentration, elle se joue avec l’aval des législateurs qui ne disent mot, telle Fleur Pellerin, « garante du pluralisme des idées » mais déclarant à propos de Bolloré « qu’aucune enquête n’a révélé une intervention directe ». Dans un contexte de chute des ressources publicitaires et des ventes, cette OPA s’impose avec ses réductions d’effectifs et son ingérence dans les lignes éditoriales. Pour ces nouveaux magnats dont « l’intérêt premier n’est pas la presse », comme l’explique le journaliste Jean Stern, celle-ci n’est jamais qu’un levier d’influence. L’information, ce bien public et socle de la démocratie, est le cadet de leurs soucis !
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