Nouvelle offensive des anti-éoliens
Un amendement voté par le Sénat vise à interdire les aérogénérateurs sur la majeure partie du territoire français
Le 17 février dernier le Sénat a adopté, sur proposition de Gilles Barbier, sénateur Les Républicains du Jura, un amendement à l’article 139 de la loi sur la transition énergétique qui interdit la mise en place d’une ou plusieurs éoliennes à moins de 10 kilomètres d’un monument historique sans l’accord des architectes de l’administration des Bâtiments de France, un organisme qui n’est pas réputé pour son progressisme et dont on ne se souvient pas qu’il ait un jour protesté contre la construction d’une centrale nucléaire.
Comme il existe environ 45 000 monuments historiques ou inscrits à l’inventaire, en France, cet ajout à la loi, permettrait de s’opposer à la plupart des parcs éoliens sur la majeure partie du territoire. Voire, comme l’espère et le souhaite le parlementaire auteur de l’amendement, de démonter progressivement ceux qui existent et représentent actuellement un potentiel de production de 9200 mégawatts, soit une dizaine de réacteurs nucléaires.
Cet amendement a été suggéré au sénateur par la Fédération Environnement Durable présidée depuis sa création en 2007 par Jean-Louis Butré qui en a fait une croisade personnelle. Cette fédération au nom trompeur, regroupe de multiples associations locales et régionales en général animées par des propriétaires de château et de résidences secondaires. Ils protestent, comme le sénateur Barbier, contre… « l’impact visuel négatif sur notre territoire ». Pour ces protestataires il s’agit de lutter « contre une imposture écologique », contre « les nuisances qui rendent les gens malades », contre « un effet désastreux sur les prix de l’immobilier », contre « un épouvantail à touristes » et contre « les paysages artificialisés ».
Cette tentative renouvelée de mettre fin à l’essor, pourtant bien difficile, des énergies renouvelables en France (les attaques concernent également les installations solaires) correspond à une nouvelle offensive des « anti-éoliens ». Bien que minoritaires dans les zones rurales où les maires des petites communes et les agriculteurs voient dans leurs implantation un moyen d’améliorer leurs budgets, les « gardiens du paysage » autoproclamés relancent une offensive contre les aérogénérateurs. Sans hésiter à propager, dans leurs communiqués et sur leurs sites, les mensonges les plus énormes, souvent soutenus par de nombreux parlementaires Les Républicains et par l’ex-président Giscard d‘Estaing infatigable pourfendeur de ce qu’il nomme « les nouveaux moulins à vent ».
Pourtant, ni la Fédération Environnement Durable, ni Giscard ni les députés comme Patrice Ollier ou Michèle Alliot-Marie et quelques autres qui s’illustrent régulièrement depuis des années contre les éoliennes ne se sont jamais élevés contre le massacre paysager par les grandes surfaces en banlieue et en zones rurales, ni contre l’affichage, ni, évidemment ,contre les centrales nucléaires.
Il ne reste plus à espérer que l’Assemblée nationale, voire le gouvernement, qui comptent un certain nombre d’anti-éoliens, ne suivent pas le Sénat lors de la seconde lecture de la loi sur la transition énergétique…
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