Jacques Barbaut : La quête du « H »

Georges Perec a écrit : « Le métier d’un homme de lettres, ce sont les lettres de l’alphabet. » Certes. Mais celles-ci recèlent-elles toutes autant de richesses ? Dans un livre précédent, A As Anything. Anthologie de la lettre A (Nous, 2010), Jacques Barbaut avait déployé les multiples possibilités de la première lettre de l’alphabet. Il revient aujourd’hui avec H ! Hache ! Hasch !, sous-titré Hallucinations de la lettre H. Aucun « h », sous quelque forme qu’il soit, ne se soustrait à sa sagacité. D’où un bel ouvrage, avec moult citations mais aussi une recherche sur les variations visuelles de la lettre, donnant au fil des pages une riche expression typographique.

Comme le titre le laisse à penser, l’auteur est aussi à l’écoute et entend tous les sens. On ne s’étonnera donc pas de croiser la fameuse phrase de Kafka : « Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous. » Ou le Michaux de Misérable Miracle (« IV. Le chanvre indien ») et le Baudelaire des Paradis artificiels.

Jacques Barbaut a traqué la lettre partout où elle se trouve. On a le sentiment, à lire cette joyeuse encyclopédie, que le « h » se niche à tous endroits. Lacan : « “C’est une honte”, comme disent les gens, et qui devrait produire une hontologie, orthographié enfin correctement. » Hugo : « Les mots ont une figure. Bossuet écrit “thrône”_, selon cette magnifique orthographe du dix-septième siècle que le dix-huitième a si sottement mutilée, écourtée, châtrée. Ôter l’“h” du_ thrône_, c’est en ôter le fauteuil. »_

Une folie que ce « h » ! Les listes de noms s’accumulent. Hermann Hesse, Heinrich Heine, Honoré de Balzac, Mme Hanska, Héliogabale… Mais aussi « Absynthe », « pynthe », « Holosteon », « Aristolochia », « Callithrichum »… chez Rabelais. Nous sommes cernés par le « h ». Hau… secours !