Loi travail : le mouvement se durcit
La quatrième journée d’action contre le projet de réforme du code de travail a moins mobilisé que les précédentes. Récapitulatif non exhaustif du déroulement des manifestations dans plusieurs villes de France.
Près de cinq cent mille personnes ont encore aujourd’hui arpenté les rues dans toute la France, jeudi 28 avril. Ils étaient 170.000 selon la police, 500.000 selon la CGT. C’est moins que lors des précédentes journées d’action, le 31 mars ou le 9 avril. Mais le mouvement se durcit et les contestataires restent mobilisés autour d’une même exigence : le retrait de la loi travail. Bien que le gouvernement ait annoncé qu’il ne le ferait pas, la mobilisation continue et les tensions se cristallisent avec la police. À Nantes, Rennes, Toulouse ou Paris, de nombreux heurts ont été signalés, ainsi que des dizaines de blessés.
À Paris, près de 60.000 personnes se sont mobilisées selon la CGT, tandis que la préfecture de police a annoncé moins de «15.000 personnes, et un policier grièvement blessé». Des manifestants se sont violemment opposés à la police qui a régulièrement usé de gaz lacrymogène entre la gare d’Austerlitz et la place de la Nation, où les affrontements n’ont cessé que vers 19h15. Ce soir, le rendez-vous est donné à République où le mouvement Nuit debout continue. À l’issue de la manifestation, l’Unef a par ailleurs dénoncé «un usage disproportionné de la force par la police».
À Nantes, dans la matinée, près de 20.000 manifestants ont pris les rues selon les syndicats (contre 9.000 selon la police). Des «dégradations» et des «jets de projectiles» ont été signalés par la police nationale ainsi que dix neuf interpellations selon un bilan provisoire. Achevée en début d’après-midi, la manifestation a toutefois continué, sans avoir été déclarée au préalable à la préfecture. Des abris bus et des caméras de surveillance ont notamment été cassées. Au cours de cette manifestation sauvage, l’AFP mentionne l’arrestation musclée d’une jeune manifestante traînée sur plusieurs mètres au cours d’une charge menée par la Brigade anti-criminalité (BAC).
À Lyon comme dans la plupart des villes mobilisées, les tensions étaient au rendez-vous. Les lycéens et les étudiants ont pris la tête du cortège, suivis par les syndicats. Selon la police, 5.000 manifestants étaient réunis, tandis que la CGT a de son côté annoncé près de 15.000 personnes.
À Bordeaux, le cortège a rapidement été scindé en deux parties selon le quotidien régional Sud Ouest, qui a mentionné l’arrestation de quatre manifestants. Suite à la présence de contestataires sur les rails, la circulation des trams a été interrompues dans la journée; un blocage imprévu.
Au Havre, dès l’aube, une centaine de manifestants, parmi lesquelles des syndicalistes et des dockers, ont bloqué les principales voies d’accès à la ville portuaire. Selon le quotidien Ouest France, dix huit point de blocages ont été recensés, maintenus par près de 2.000 personnes, avant d’être levée plus tard dans la matinée.
À Toulouse, la préfecture a décidé d’interrompre la manifestation à mi-parcours : «Des jets de projectiles très nourris ont eu lieu contre les forces de l’ordre par des individus aux visages dissimulés situés en tête cortège. Deux policiers ont été légèrement blessés au crâne. Après contact avec les organisateurs, il a été décidé d’interrompre la manifestation à hauteur de la rue du Rempart Saint-Étienne». Visiblement d’accord avec cette décision punitive la CGT a ajouté que la manifestation avait dû être dissoute pour «des raisons de sécurité». Selon les syndicats, 12.000 manifestants s’étaient rassemblés contre la loi travail (4.000 selon la police).
À Marseille, Solidaires a fait part de sa colère dans un communiqué qui alerte notamment sur la répression policière. Selon le syndicat, «les forces de police se sont livrées à une agression d’une violence inadmissible contre le cortège en cours de dispersion». Des tirs de grenades lacrymogènes et de flashballs ont, selon Solidaires, «atteint les manifestants et le camion de l’Union syndicale Solidaires 13», ajoutant qu’un «responsable de Sud Collectivités territoriales, touché à la gorge par un tir de flashball, est actuellement hospitalisé». Selon le préfet de police, 4.800 personnes ont manifesté dans les rues de Marseille. La CGT annonce de son côté 75.000 personnes, et FO, 30.000. À débattre.
Concernant Paris, la préfecture de police a annoncé dans un communiqué l’interdiction de tout départ de cortège à partir de la place de la République ce jeudi soir, jusqu’à vendredi matin. En outre «le stationnement des véhicules de catégorie N1 (véhicules utilitaires légers) est interdit», tout comme «la diffusion de musiques et de bruits par tous moyens sonores» à partir de minuit et jusqu’à sept heure vendredi matin.
Pour l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL), à l’origine de cette manifestation, il est encore possible de faire retirer le projet loi travail. Elle souhaite d’ailleurs «renforcer les mobilisations», quelques jours avant le début du débat parlementaire fixé au 3 mai. Toutefois avant ces premières discussions, les opposants pourront une nouvelle fois faire entendre leurs voix le 1er mai. Des manifestations devraient là encore être organisées dans toute la France.
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