Total veut laisser une partie du pétrole sous terre !
Le pétrolier français, qui organise à Pau une conférence internationale de la prospection off-shore, redoute son blocage par des militants climatiques.
Une rencontre « assez étonnante », raconte un des responsables associatifs. Jeudi 31 mars, six d’entre eux avaient été invités au siège de Total, à la Défense (Paris), pour… discuter ? Négocier ? Leur faire entendre raison ? Pas franchement sereins les deux membres de la direction présents, en tout cas. Car la plate-forme composée des organisations Alternatiba, Attac, Amis de la terre, ANV-COP21, Emmaüs Lescar-Pau, Bizi, Surfrider foundation Europe, 350.org et The Ocean nation a annoncé ni plus ni moins son intention d’empêcher la tenue d’un sommet du pétrole off-shore, prévu à Pau du 5 au 7 avril à l’initiative de la société texane Quest Off-shore et à l’invitation de Total, « un événement de référence de l’industrie » expose la littérature interne.
Colère des associatifs : quatre mois après la COP 21 et les engagements internationaux pris, la main sur le cœur, de maintenir le réchauffement climatique sous 2°C d’augmentation, le gratin des pétroliers vient planifier le développement de la prospection off-shore, et en dépit des risques démontrés par l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon le 20 avril 2010 ? La lettre de convocation de Total est un condensé de la pensée « fossile » : on n’y parle que de rentabilisation, pas un mot sur le climat ni l’environnement. De l’entre-soi de pétroliers et gaziers époque « Trente Glorieuses ».
Ce fut une rencontre à front renversé, jeudi dernier : Total avait délégué 5 personnes, qui demandaient aux associatifs de leur consacrer deux heures ! Refus de ces derniers, une seule suffisait bien pour s’entendre dire des fadaises telles que « mais vous avez raison de nous interpeller, notre communication a été très mauvaise, nous sommes bien d’accord avec vous sur les objectifs, le discours d’ouverture les rappellera », et aussi… « nous sommes conscient qu’il faudra laisser une partie des réserves pétrolières dans le sous-sol ». « C’est la première fois que j’entends un pétrolier dire ça ! », relève Txetx Etcheverry, animateur de l’association Bizi et présent lors de la rencontre.
Sincérité ? Éventuellement. Mais les opposants ne se font guère d’illusion : 600 opérateurs sont annoncés à Pau, et Total n’est pas leur porte-parole. Le pétrolier français voulait obtenir une nouvelle réunion avant le 5 avril. Refus poli mais ferme de la délégation associative, qui donne rendez-vous à Total après le sommet de l’off-shore. Ou ce qui pourra s’y tenir : les militants se disent très déterminés à faire capoter la réunion des « pourrisseurs » de climat et d’océans.
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