Expulsion violente des opposants à la poubelle nucléaire de Bure
Des centaines de gardes mobiles ont débarqué à l’aube à Mandres-en-Barrois pour évacuer par la force des militants qui occupaient la forêt où l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a démarré des travaux illégaux.
Violence, moyens massifs, volonté d’écraser physiquement la résistance citoyenne : une opération hélas classique. Ce matin à six heures, les forces de l’ordre ont donné l’assaut contre une quarantaine d’opposants pacifiques qui campent depuis le 19 juin dans le bois Lejuc à Mandres-en-Barrois (Meuse). Ces 220 hectares de forêt ont été préemptés par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui prépare l’installation sur cette commune, celle de Bure ainsi ainsi que sur deux autres villages voisins, d’une gigantesque poubelle nucléaire destinée à stocker les plus dangereux des déchets radioactifs produits par les centrales françaises.
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L’Andra, qui a lancé le déboisement de neuf hectares fin mai, et préparait probablement des forages (plus d’une centaine de tubes métalliques sont visibles sur le site), n’a pas été capable d’exhiber d’autorisation pour ces travaux, ce qui a déclenché, le 19 juin dernier, l’occupation du bois par des militants anti-nucléaire.
« Ce n’était un secret pour personne, il y avait des personnes âgées mais aussi des enfants qui dormaient sur place cette nuit, raconte Gaspard d’Allens. J’en ai évacué un sur mes épaules… »
Les gendarmes mobiles ont cerné la zone et chargé à peine les sommations prononcées, derrière un bulldozer qui a balayé les barricades installées par les militants, alors qu’un hélicoptère tournoyait dans le ciel. Des dizaines de grenades lacrymogènes ont été tirées. Des incendies étaient visibles sur les lieux où les occupants avaient construit des abris et des baraques. Aucun blessé n’est à déplorer.
Si les militants pressentaient une intervention imminente, elle leur apparaît d’autant plus révoltante que des procédures judiciaires étaient en cours, car ils avaient attaqué l’Andra, contestant la légalité des travaux préparatoires dans la forêt. La veille, l’avocat de l’agence avait demandé, et obtenu du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, le report d’une audience qui devait justement statuer sur la plainte déposée par plusieurs associations. Un bras d’honneur à la justice, l’État de droit bafoué une fois de plus, c’est le sentiment qui domine chez les militants après l’expulsion. Qui ne se résignent nullement. Ils ont promis de lancer sous peu la réoccupation du bois. Bure est par ailleurs l’invité d’honneur du grand rassemblement de Notre-Dame-des-Landes, cette fin de semaine : une tribune idéale pour appeler à une mobilisation nationale (et au-delà), à l’occasion d’un « sommet anti-nucléaire » que la résistance organise à Bure les 16 et 17 juillet.
À lire prochainement : notre grand reportage dans les pages de Politis, à paraître le 14 juillet
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