Une poignée d’irréductibles Wallons bloquent l’accord de libre-échange UE-Canada
L’accord de libre-échange négocié entre l’Union européenne et le Canada est entré dans une phase cruciale de ratification. La signature définitive avec le Canada, prévue le 27 octobre, doit permettre son application « provisoire » en attendant le vote des parlements nationaux. Sauf… Si les Belges francophones persistent à s’opposer à sa signature.
Le régionalisme belge donne un pouvoir important aux trois « communautés » linguistiques et aux trois régions, en ce qui concerne la signature des traités internationaux. Or, la majorité sociale-démocrate de la communauté francophone (Fédération Wallonie-Bruxelles), soutenue par l’opposition de gauche (Écolo, Défi et PTB), refuse de signer le Ceta. Le parlement de la communauté francophone a voté mercredi soir une résolution demandant à son exécutif de ne pas accorder au gouvernement fédéral la délégation de pouvoirs. Sans cette formalité, le gouvernement belge ne pourra pas approuver le Ceta le 18 octobre en Conseil européen, ultime étape avant la signature définitive le 27 octobre.
Le projet de zone de libre-échange avec le Canada soulève des inquiétudes importantes sur l’avenir des services publics, le respect du principe de précaution, le déséquilibre des marchés agricoles et la perte de souveraineté des États face aux multinationales.
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Il revient désormais au ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le socialiste Rudy Demotte, de décider s’il suit l’avis de son assemblée et refuse d’accorder au gouvernement fédéral son accord pour la signature du Ceta.
Une autre entité régionale pourrait venir conforter cette opposition. Vendredi matin, le parlement de Wallonie, une des deux régions francophones (à ne pas confondre avec la « Fédération Wallonie-Bruxelles ») devrait lui-aussi s’opposer à la signature du Ceta.
Le même jour, en fin de journée, le président de cette région de Wallonie sera reçu à l’Elysée. La pression reste donc énorme sur les sociaux-démocrates belges, car ils sont, pour le moment, les seuls à faire barrage à l’adoption du traité. Leur blocage sera soumis à rude épreuve et aura du mal à résister s’il n’est pas soutenu par d’autres pays.
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