Vu sur le web : France 3 dénonce les commentaires d’une vidéo sur l’arrivée des migrants en région
Face aux commentaires racistes et xénophobes, France 3 a décidé de ne plus se taire. Dénonçant une abondance de propos mensongers et insupportables après la publication d’une vidéo portant sur l’arrivée de réfugiés à Toulouse, la rédaction Midi-Pyrénées signe un article « coup de gueule » fait du bien.
« Certains de vos commentaires sur Facebook sur l’arrivée des migrants dans la région sont insupportables », titre simplement, mais efficacement, Fabrice Valéry, rédacteur en chef adjoint des éditions numériques de France 3 Midi-Pyrénées, sur le site de la chaîne.
On y voit des hommes, fatigués, tous d’origine afghane, débarquer d’un bus et récupérer leurs bagages. Quelques instants plus tard, ils seront installés dans un centre de la Croix-Rouge à Toulouse. Car ces hommes sont ce que l’on a pris désormais l’habitude d’appeler des « migrants », des réfugiés. Quelques heures auparavant, ils « vivaient » dans des conditions inhumaines dans la « jungle » de Calais.
Diffusée jeudi matin, la vidéo en question ne montre pourtant rien, ou presque, si ce n’est une dizaine d’hommes devant un bus. Celle-ci ne dure que vingt secondes :
Mais ces quelques secondes suffisent à délier les langues. Les accusant tour à tour d’être « des violeurs en puissance », des « agresseurs d’enfants », ou même des « envahisseurs », les internautes ont franchi plus d’une fois la ligne rouge. La rédaction a donc décidé de faire valoir sa position et de dénoncer ces propos « insupportables ». Ces commentaires « faux » et indignes « rejettent, a priori, sans les avoir rencontré, sans connaître leur histoire, des individus, des êtres humains, simplement parce qu’ils viennent d’un pays étranger », argumente le rédacteur en chef adjoint. Et pour lui (comme pour Politis du reste), n’en déplaise à certains, la « France est une terre d’asile ».
Cette « haine de l’autre » est irrationnelle. Elle ne repose sur rien d’autre qu’un sentiment. […] Ce ne sont pas 27 hommes, démunis de tout qui vont changer la vie d’un quartier, d’une ville comme Toulouse. Ce ne sont pas 250 ou 270 personnes qui vont mettre en péril l’équilibre de notre région.
Mais la rédaction régionale de la chaîne publique rappelle aussi son attachement à la liberté d’expression. Et si France 3 ne souhaite pas « se résoudre » à fermer l’accès aux commentaires sur Facebook, celle-ci rappelle qu’au-delà de la loi, qui permet notamment de nous épargner certaines incitations à la haine, « il y a l’esprit » :
Journaliste auprès de la chaîne France 3 Midi-Pyrénées, Marie Martin s’est elle-aussi emparée de son clavier ce jeudi pour dire sa honte. Dans son texte, intitulé « La nausée », la journaliste s’indigne devant ceux qu’elle dit être des « porteurs de rejet et de haine » qui auraient tout oublié de l’histoire. En son nom, Marie Martin appelle à réagir face à un tel déferlement de propos injurieux et, en tant que journaliste, à une plus grande réflexion autour de la responsabilité qui incombe aux médias :
J’ai honte de ce que je lis. J’ai honte de ce que je comprends. J’ai honte que l’accueil de 4 500 personnes pose problème en France, dans un pays qui compte 60 millions d’habitants. J’ai honte que ce frein vienne de mes contemporains. […] Peut-être est-ce aussi à nous, les journalistes, de rappeler que souhaiter le départ d’hommes et de femmes menacées de mort dans leur pays revient à souhaiter leur mort tout court.
Capture d’écran du texte de la journaliste Marie Martin :
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