COP 22 à Marrakech : beaucoup d’absents et peu d’enthousiasme

Peu de chefs d’État viendront concrétiser leurs promesses et les discussions sont déjà enlisées sur les applications de l’accord de Paris

Claude-Marie Vadrot  • 6 novembre 2016 abonné·es
COP 22 à Marrakech : beaucoup d’absents et peu d’enthousiasme
© Photo : FADEL SENNA / AFP.

Les délégations officielles arrivent au compte-gouttes à Marrakech pour discuter de la suite à donner à l’accord de Paris signé il y a moins d’un an. Elles sont souvent peu soucieuses de transformer la réalité de ce que leurs pays ont ratifié. Notamment en matière de transparence, officiellement acceptée pour évaluer les engagements pris en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que sur la priorité à donner aux pays du Sud. Des domaines dans lesquels règne une grande opacité.

D’ailleurs, seulement 1 500 journalistes ont été accrédités contre plus de 5 000 l’année dernière. La plupart ne seront présents qu’à la fin de la conférence, lors de l’arrivée des chefs d’État et de gouvernement, au moment de la conclusion des discussions qui doit théoriquement être publiée le 18 novembre.

Ils risquent une lourde déception car seuls François Hollande, la chilienne Michelle Bachelet, l’espagnol Mariano Rajoy et le premier ministre du Québec, Philippe Couillard devraient faire acte de présence pendant quelques jours, voire quelques heures. Ni les Allemands, ni les Indiens, ni les Américains, ni les Anglais, ni les Chinois, ni les Russes, ni les Australiens ne seront représentés à un haut niveau.

Les délégués des pays du sud et particulièrement des pays menacés par l’élévation des mers, risquent de se retrouver bien seuls en la quasi absence des plus grands pollueurs de la planète. D’autant plus que la réunion « pré-Cop » des ministres et des experts n’a réuni que 70 pays il y a quelques jours. L’enthousiasme n’était pas au rendez-vous, chaque délégation se retrouvant face aux promesses parisiennes de décembre 2015. Soit prêtes à les renier, soit disposées à les reporter à plus tard.

De grandes associations internationales comme Care, Action contre la faim, CCFD-Terres solidaires et le Secours catholique, toutes engagées sur le terrain, ont d’ailleurs publié dimanche, avant les cérémonies officielles, un communiqué inquiet se demandant si « Les États vont passer le test de l’action ». Quant aux ONG plus radicales, oubliant leurs applaudissements lors de l’accord signé à Paris, comme Greenpeace ou le Réseau action climat, elles sont encore plus dubitatives et plus pessimistes.

Les principaux acteurs de la société civile affichent leurs craintes sur les questions agricoles alors qu’elles figurent dans la majorité des contributions de 2015. Comme l’explique Anne-Laure Sablé, de CCFD-Terre solidaire : « Il faut éviter le piège de l’inaction. Il est urgent de définir les objectifs et les critères d’une agriculture répondant au double enjeu du changement climatique et de la sécurité alimentaire. Nous ne pouvons pas permettre d’attendre une prochaine COP […] il ne faut pas laisser le champ libre à des initiatives et à des pratiques – telles que les OGM et l’utilisation d’intrants chimiques nocifs -, contribuant à la dépendance aux combustibles fossiles et rendant les agriculteurs de plus en plus vulnérables »

Mais à en juger les premières et molles discussions, ni l’agriculture ni la souveraineté alimentaire ne sont réellement au programme de la COP 22. Il ne faut fâcher personne et surtout pas le lobby agro-alimentaire très présent dès le début des premières négociations.

Écologie
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