La primaire de la BAP se jouera sans Gérard Filoche
Sept candidats sont éligibles à la primaire organisée par le PS et ses satellites. Exclu, l’ancien inspecteur du travail va déposer un recours « politique ».
Peu après 13h, l’avocat Thomas Clay, président de la Haute autorité éthique du PS et, pour quelques semaines, de la Haute autorité de la primaire, lève le voile sur le nombre et le nom des candidats autorisés à se présenter aux « primaires citoyennes » – c’est l’appellation officielle – qu’organisent la Belle alliance populaire (BAP).
Ils étaient neuf à avoir déposé un dossier de candidature à la date de clôture des inscriptions, jeudi 15 décembre. Après vérification des conditions requises (parrainages, être à jour de ses cotisations…), ils seront sept, quatre socialistes et trois membres d’autres partis, à s’affronter. Un tirage au sort effectué devant la presse, et en présence d’un huissier, leur attribue un ordre pour la présentation des professions de foi sur le site internet de la primaire et des bulletins de vote dans les quelques 8 000 bureaux que le PS prévoit de tenir le 22 janvier, date du premier tour :
1 – Manuel Valls (PS)
2 – Sylvia Pinel (PRG)
3 – Vincent Peillon (PS)
4 – François de Rugy (Parti écologiste)
5 – Arnaud Montebourg (PS)
6 – Benoît Hamon (PS)
7 – Jean-Luc Bennhamias (Front démocrate)
D’autres tirages au sort sont prévus pour les trois débats télévisés programmés (12, 15 et 19 janvier).
En revanche les candidatures des socialistes Gérard Filoche et Fabien Verdier n’ont pas été retenues faute d’avoir présenté le nombre requis de parrainages. Pour concourir, chaque candidat encarté au PS devait avoir le soutien de « 5% des membres titulaires du Conseil national (15) » ou de « 5% des parlementaires socialistes (19) » ou de « 5% des conseillers régionaux et départementaux socialistes représentant au moins 4 régions et 10 départements (66) » ou encore de « 5% des maires socialistes de villes de plus de 10.000 habitants représentant au moins 4 régions et 10 départements (10) ».
Selon Thomas Clay, Gérard Filoche n’a présenté que 7 parrainages de membres du conseil national. Et Fabien Verdier, 35 ans, conseiller régional (Centre-Val de Loire), secrétaire national chargé du pôle Production et répartition des richesses, seulement 9.
Ce dernier, qui s’était vu interdire l’entrée de la salle de presse où Thomas Clay annonçait les candidatures, a aussitôt contesté sa disqualification, tandis que quelques uns de ses amis distribuait à la presse les copies de 15 parrainages de conseillers nationaux. La différence avec le comptage de la Haute autorité est troublant.
« La BAP n’a aucune existence juridique »
Sur un trottoir face au Palais de la mutualité, Gérard Filoche, très sollicité par les télés et radios, a annonce qu’il engagera un recours dans les 24h, comme le permet le règlement de la primaire. Le vibrionnant animateur de la sensibilité Démocratie et socialisme, qui déclarait le 15 décembre avoir les parrainages nécessaires, assure cette fois avoir déposé « 31 parrainages dans toutes les catégories » mais vraisemblablement sans atteindre le nombre requis dans aucune d’entre elle.
D’ailleurs s’il envisage de « contester le calcul des parrainages », le recours qu’il annonce est essentiellement un « recours politique » car, selon lui, « la question essentielle » porte sur la « discrimination politique » dont il se dit victime, accusant au passage Christophe Borgel, secrétaire national aux élections et président du Comité national d’organisation de la primaire (CNOP) d’avoir annoncé à l’avance qu’il serait recalé. Convaincu que « ce n’est pas la Haute autorité qui décide [qui est candidat]_, mais Jean-Christophe Cambadélis et Christophe Borgel »_, Gérard Filoche rappelle de Jeremy Corbin à qui on avait dit qu’il n’avait « pas ses parrainages a fait un recours politique et a gagné à 59 % ». « C’est ce que je me souhaite », lance-t-il.
Gérard Filoche, qui a demandé sans succès à ce que lui soit communiqué les statuts de la BAP, les règlements, accords, liste de ses dirigeants et principes d’adhésion, appuie son recours sur le fait que celle-ci « n’a aucune existence juridique », que des candidats, « au moins trois », n’ont « pas besoin de parrainages », et que M. Cambadélis a offert de participer à la primaire à des gens qui n’en sont pas membres, « ne sont ni de gauche ni socialiste » [Emmanuel Macron, NDLR]. « Les critères sont tellement bizarres et bordéliques, qu’il faut revenir à la politique et faire un choix, et dans ce choix j’ai ma place parce que je défends les salariés », conclut-il.
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Sans rancune envers son parti qui n’a de cesse de le marginaliser et de l’humilier, Gérard Filoche, fidèle à sa ligne qui ne voit pas de salut hors du PS, souhaite néanmoins « le succès de la primaire ». Et s’il n’est pas candidat, il appelle ceux qui le soutiennent à venir « quand même, parce que l’enjeu de la primaire c’est que la gauche du PS batte la droite du PS qui a si mal gouverné ».
Dans son point de presse, le président de la Haute autorité de la primaire a également indiqué que le Comité national d’organisation de la primaire avait refusé, à l’unanimité de ses membres, lors d’une deuxième délibération, de ne pas repêcher les candidatures des trois partis non membres de la BAP, dont celle de Pierre Larrouturou pour Nouvelle donne.
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« Ce sont les bras droits des candidats, comme Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg, qui siègent dans cette instance, a réagi Pierre Larrouturou, venu aux nouvelles à la porte du Palais de la Mutualité. Ces gens sont à la fois juges et partie. Maintenant, ils vont se déchirer entre eux. Ce n’est pas une primaire citoyenne. » Le fondateur de Nouvelle donne affirme s’être remis en quête des parrainages de maires pour tenter de se qualifier non plus pour les huitièmes de finale de présidentielle, mais pour la demi-finale du 23 avril.