Primaire du PS : tous les électeurs de gauche ne sont pas les bienvenus
La primaire organisée par le PS est-elle vraiment ouverte à tous ? Les dirigeants de la rue de Solferino le prétendent. Pourtant, la vidéo de la page d’accueil du site internet de leurs « primaires citoyennes » est bien plus limitative. Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, y expose les règles et modalités d’organisation décidées par le conseil national de son parti, le 2 octobre. Lesquelles, selon lui, excluent de s’adresser aux 17 000 citoyens qui ont voté à la primaire des écologistes d’EELV, ainsi que les électeurs pro-Mélenchon ou communistes :
Nous appelons l’ensemble des citoyens de gauche et des écologistes qui ne participent pas à la primaire des écologistes ou à l’orientation de Jean-Luc Mélenchon, voire du Parti communiste, de participer à cette primaire même si, si ces derniers revenaient sur leur position, évidemment nous revisiterions la manière dont nous allons organiser la primaire.
Tous ceux-là – ça fait quand même du monde – ne sont donc pas les bienvenus.
Cela n’empêche pas les organisateurs de présenter leur scrutin, à l’instar de la plupart des commentateurs, comme « la primaire de la gauche ». Ce qui est factuellement mensonger du seul fait que plusieurs candidats et partis de gauche ont choisi de ne pas y participer : Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, le Parti communiste, Ensemble !, mais aussi Bastien Faudot, candidat investi par le MRC, Sylvia Pinel, candidate du Parti des radicaux de gauche, ou Yannick Jadot, candidat désigné à l’issue de la primaire des écologistes et naguère promoteur d’une primaire de toute la gauche.
Quant à ceux qui voudraient y participer sans être membre de Belle alliance populaire, comme Pierre Larrouturou, investi en novembre par les adhérents de Nouvelle Donne à une courte majorité (367 voix pour sa participation à la primaire, 350 contre, 20 abstentions), ils doivent montrer patte rose. À peine ce dernier avait-il annoncé sa candidature par un entretien au Parisien que les dirigeants de Solferino faisaient savoir qu’il lui faudrait obtenir l’habilitation du Comité national d’organisation de la primaire. « On ne s’invite pas comme ça dans la primaire, a expliqué Jean-Christophe Cambadélis. Il faut qu’on en discute. » Et aux dernières nouvelles, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon ne verraient pas d’un bon œil l’arrivée de cette candidature concurrente.
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