Affaire Penelope Fillon : le parquet ouvre une enquête

Selon le Canard enchaîné, l’épouse de François Fillon a occupé un poste fictif d’attachée parlementaire. Une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits a été ouverte.

Adrien Monnanni  • 25 janvier 2017 abonné·es
Affaire Penelope Fillon : le parquet ouvre une enquête
© Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Voici le genre d’affaires qu’il est toujours bon d’éviter en pleine course à l’Élysée. Selon le Canard enchaîné, l’épouse du candidat des Républicains aurait occupé un poste fictif d’attachée parlementaire à l’Assemblée nationale. Entre 1998 et 2002, François Fillon, alors député de la Sarthe, emploie sa femme en qualité de « collaborateur ». Nommé ministre des Affaires sociales et du travail en 2002, il cède son fauteuil à son suppléant, Marc Joulaud, qui s’attache à son tour les services de Penelope Fillon. Un emploi qu’elle quittera en 2007, à la suite de la nomination de son époux à Matignon. En 2012, François Fillon quitte ses fonctions et devient député de Paris. L’occasion pour le Sarthois de recruter à nouveau sa femme ! Rémunérée jusqu’à 7 900 euros brut mensuel pour ces différents emplois, Penelope Fillon aurait ainsi touché près de 500 000 euros brut au fil des ans.

Dans les faits, cette pratique, bien que discutable, n’a rien d’illégale. Chaque parlementaire dispose d’une enveloppe de 9 561 euros qui peut servir à rémunérer jusqu’à cinq collaborateurs à temps partiel. Reste que ces collaborateurs doivent justifier leurs émoluments…

Jeanne Robinson-Behre, assistante officielle de Marc Joulaud, n’a aucun souvenir de sa supposée collègue : « Je n’ai jamais travaillé avec elle », confie-t-elle au Canard.

Penelope Fillon, qui n’apparaît dans aucun trombinoscope de l’Assemblée, n’a d’ailleurs jamais mentionné sa fonction d’attachée parlementaire publiquement, précisant même le 12 juin 2008 dans l’émission A Vous de Juger qu’elle « n’avait aucun rôle ». Christine Kelly, auteure de la biographie François Fillon, le secret de l’ambition (Éditions du Moment) a confié au Canard qu’elle n’avait « jamais entendu dire que Mme Fillon travaillait ». La journaliste, apparemment « menacée » par une équipe politique, s’est fendue aujourd’hui d’un tweet cinglant en guise d’avertissement.

Autre point d’ombre sur le CV de Penelope Fillon, son travail de « conseillère littéraire » au sein de la Revue des deux mondes, détenue par Marc Ladreit de Lacharrière, un ami de son époux. Entre 2012 et 2013 elle ne publie que trois notes de lecture. Un faible rendement qui ne l’empêchera pas d’empocher près de 100 000 euros.

« La séquence des boules puantes est ouverte »

Le clan Fillon a vivement réagi et a fait bloc autour de l’épouse du candidat. Sans pouvoir préciser le « détail de son travail », Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, a assuré au micro de France Inter que Penelope Fillon était « une élue locale, qui travaille dans l’ombre de son mari ». Même son de cloche sur LCI, où Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et coordinateur de la campagne de François Fillon, a vanté le parcours universitaire de Penelope Fillon, tout en regrettant que son engagement « au cœur du territoire sarthois » ne soit pas pris en compte. Le candidat Les Républicains a quant à lui pris la défense de sa femme en comparant ces révélations à des « boules puantes ». Il a également dénoncé « la misogynie » et « le mépris » de l’article du Canard enchaîné. Des arguments qui ne devraient pas suffire au parquet national financier, qui a ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits.

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