Ceta : le Parlement européen choisit le libre-échange et piétine le peuple
Réunis en session plénière à Strasbourg mercredi 15 février, les eurodéputés ont voté en faveur du traité commercial entre l’Union européenne et le Canada (Ceta).
Ils ont été 408, aujourd’hui au Parlement européen de Strasbourg, à se prononcer pour le Ceta, majoritairement des députés européens de droite, des libéraux, mais aussi une majorité du groupe socialiste : 254 eurodéputés ont voté contre tandis que 33 se sont abstenus. À l’extérieur, 700 personnes manifestaient dans les rues de Strasbourg. Dès le matin, plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué l’accès au bâtiment en se couchant à terre, retardant le débat de quelques minutes. « Dire oui au Ceta, c’est piétiner le peuple », pouvait-on lire sur les banderoles.
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Vives réactions de l’opposition
La délégation S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) a été particulièrement ébranlée lors du débat sur ce texte : une partie de ses membres, bien que minoritaire, s’y est opposée. Parmi eux, Emmanuel Maurel, membre du Parti socialiste, condamne cet accord, arguant qu’« aux grands défis de notre époque, le Ceta oppose des réponses passéistes uniquement fondées sur la libéralisation, la mise en concurrence, le transfert des pouvoirs des États vers les multinationales ». Yannick Jadot, candidat Europe Écologie-Les Verts à l’élection présidentielle, a critiqué le Parlement européen, qui « ne tire aucune leçon de la victoire de Trump et du vote du Brexit en augmentant les pouvoirs des multinationales et en réduisant ceux des citoyens ».
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Un long processus de ratification
La fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme a fustigé un accord « négocié dans l’ombre » prévenant que ce vote « ne met un point final ni à la contestation d’un traité […] ni au large débat qui s’est ouvert sur la politique commerciale européenne incompatible avec les grands enjeux sociétaux de ce siècle. » Le Ceta est appliqué de manière provisoire dans l’attente de sa ratification par les parlements nationaux et régionaux des pays de l’Union européenne. Un processus long qui laisse un espace à l’opposition : Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs invité les Français à bloquer la ratification du texte. « L’élection présidentielle au printemps 2017 sera l’une des occasions de s’opposer à ce traité ! », ajoute-t-il.
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