La santé pour tous et par tous
La Scic Richerand dessine à Paris un nouveau modèle d’accès aux soins.
Les berges du canal Saint-Martin, à Paris, accueillent une innovation sociale de premier ordre. La CCAS (Caisse centrale des activités sociales des électriciens et gaziers) a apporté en dot son Centre national de santé, avenue Richerand, à la Société coopérative de santé. La Scic Richerand est ainsi la première d’un modèle rendu possible par une ordonnance législative de janvier 2018, autorisant une Scic à gérer un centre de santé non lucratif. Portée par le Dr Alain Beaupin et les dirigeants de la CCAS, l’initiative associe un ensemble de parties prenantes pour le développement d’un outil nouveau. Ce centre de santé coopératif répond aux besoins de soins, en tiers-payant intégral et sans dépassements d’honoraires, dans une capitale qui ressemble chaque jour davantage à un désert médical.
Originalité du modèle coopératif permis par le statut Scic : les usagers/patients disposent de leur collège à l’assemblée générale. Ils ne sont pas seulement consultés, ils participent aux décisions. Autre collège prenant part aux décisions, celui des salariés de la coopérative : médecins, dentistes, infirmières, employés. Entre le modèle de la médecine libérale, désormais dépassé, et celui de l’hôpital public, peu respectueux de l’engagement humain de ses soignants, un nouveau modèle est-il en train de naître ? C’est possible, d’autant que les hôpitaux partenaires (AP-HP, Fondation Rothschild, Diaconesses-Croix-Saint-Simon) y participent, tout comme la Ville de Paris et des mutuelles partenaires (VYV-Care).
Projet pluriel et coconstruit, la coopérative Richerand est fidèle à une histoire sociale, celle du syndicalisme des industries électriques et gazières. À ses côtés, l’Institut de victimologie, qui soigne les psychotraumatismes, ainsi que l’association Parcours d’exil, accompagnant les exilés, figurent parmi les membres fondateurs du projet, adhérant à ses valeurs.
À l’heure où chacun constate la crise de notre modèle de soins, la Scic participe, avec la Sécurité sociale et le ministère de la Santé, à une expérimentation nationale innovante. Rien de moins que de remplacer le paiement à l’acte par un budget forfaitaire annuel versé par la Sécu. En jeu : moins d’examens ou de médicaments inutiles, davantage de prévention et d’accompagnement.