Témoignage : Un vol Paris-Tunis en temps de Covid-19

Lorsque j’apprends l’ouverture des frontières de la Tunisie le 27 juin, je décide de prendre mon billet d’avion pour retrouver ma famille et continuer mon stage de journalisme à distance. Un simple vol Paris-Tunis de deux heures qui s’est transformé en parcours plus compliqué que prévu à cause du Covid-19.

Maeva Chirouda  • 9 juillet 2020
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Témoignage : Un vol Paris-Tunis en temps de Covid-19
© Fethi Belaid / AFP

Étudiante l’année en France, je retourne en Tunisie au mois de juillet pour les vacances. Avec 1.200 cas confirmés et 50 morts, la Tunisie s’est bien sortie de la crise sanitaire. Mais, par mesure de sécurité, les voyageurs arrivant sur le sol tunisien doivent tout de même observer une période de confinement d’une semaine au moins avant de pouvoir circuler librement.

Avant mon départ, je me renseigne donc sur la procédure à suivre et passe plusieurs coups de fil, jonglant entre différents services administratifs (ministère, ambassade…) eux aussi perdus et complètement déboussolés par la situation sanitaire. En tant que résidente sur le sol tunisien, mais ne possédant pas la nationalité du pays, mon statut est très compliqué à comprendre.

Finalement, je prends connaissance au bout de quelques semaines de la mise en place de listes par le ministère tunisien de la Santé. Ces listes classent les pays selon le niveau de propagation de l’épidémie. Les voyageurs venant des pays sur liste orange (dont la France au moment de mon départ) devaient présenter un test nasopharyngé (PCR) datant de maximum 72 heures avant le vol, et se mettre en quarantaine dans un hôtel prévu à cet effet.

Le jour J de mon départ, je me suis levée tôt pour prendre l’avion. J’ai quitté l’appartement avec la boule au ventre car je ne savais pas à quoi m’attendre à l’aéroport. Lors de l’embarquement, la cohue post-confinement dans les aéroports se faisait ressentir.

Un vieil homme accompagné de sa petite-fille devant moi à la porte d’embarquement était très stressé et on se regardait avec un regard rempli d’appréhension. Les papiers administratifs à fournir prenaient du temps à être remplis et certains avaient oublié les leurs. Pas de vol pour eux ce jour-là et pour nous un décollage avec deux heures de retard tout de même. Pendant tout le vol, je me suis sentie anxieuse et j’avais peur que l’entrée sur le territoire tunisien me soit refusée.

Après mes deux heures de vol, j’étais soulagée d’enfin atterrir et me suis tout de suite dirigée vers la douane, dernière étape stressante de mon voyage. J’allais enfin savoir si mon entrée sur le territoire allait être acceptée.

Au guichet, j’ai donné ma fiche sanitaire préalablement remplie avec mon lieu de confinement, ainsi que mon test PCR négatif datant de moins de 72 heures. Mon entrée s’est faite assez simplement et sans souci particulier car je possède une adresse en Tunisie et j’avais fourni tous les documents demandés pour entrer sur le territoire. L’organisation était assez coordonnée à l’aéroport (prise de température, distanciation sociale…). J’ai ressenti un véritable soulagement après toutes ces semaines de préparation de mon voyage.

Masque sur le visage et passeport en main, direction l’hôtel, où je suis ensuite confinée pour une semaine. Sur place, une chambre m’est attribuée. Aucune angoisse du côté du confinement, j’avais déjà passé trois mois chez moi du fait de la pandémie.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, j’apprends que la France passe au vert (pays où le virus ne circule plus), mon confinement s’arrête au bout de deux jours. Me voilà maintenant chez moi auprès de ma famille après avoir passé de longs mois sans pouvoir les voir.

À mon arrivée, je retrouve une amie que je connais depuis des années. Elle me raconte que le virus a été un véritable coup dur tant économiquement, politiquement que socialement. Ce qu’elle redoute maintenant, c’est la reconstruction économique du pays. Après la saison touristique particulièrement réussie en 2019, la Tunisie était parvenue à redresser la situation économique après les années de révolution. Maintenant il va falloir reconstruire encore et c’est dur à accepter.

Monde Santé
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