Oxfam pointe les grandes entreprises qui ont profité de la crise
La pandémie de Covid-19 n’a pas ralenti les profits d’une poignée de géants mondiaux, montre un rapport de l’ONG, qui les accuse d’en avoir exacerbé les effets économiques.
Voilà un rapport qui entend porter un coup au laïus misérabiliste que les patrons de grandes entreprises ne se lassent pas de seriner depuis le début de la crise du Covid-19. Non, toutes les entreprises n’ont pas souffert de la pandémie, et une poignée sont même parvenues à « tirer profit de la catastrophe ». C’est l’organisation caritative internationale Oxfam qui l’affirme aujourd’hui dans un rapport en anglais intitulé « Covid-19 : les profits de la crise ».
Au terme de ses recherches, l’organisation a identifié 32 entreprises qui « devraient engranger à elles seules 109 milliards de dollars de plus pendant la pandémie que ce qu’elles avaient engrangé en moyenne comme bénéfices pendant les quatre années précédentes ». Des profits considérables, à mille lieux des dures réalités économiques que connaissent nombre de petites et moyennes entreprises depuis le printemps. Pour beaucoup de géants mondiaux, la crise n’a pas ralenti les profits… ni les versements de dividendes.
Ce sont les dividendes qui sont au cœur des accusations portées par Oxfam tout au long de son rapport. Leur montant, plus important d’année en année, aurait fragilisé les entreprises. « Si elles n’avaient pas fait ce choix de privilégier leurs actionnaires, les plus grandes entreprises mondiales auraient pu disposer de beaucoup de liquidités et de réserves pour protéger leurs travailleur-se-s, ajuster leurs modèles économiques et éviter les renflouements publics coûteux lorsque la crise est arrivée », dénonce l’organisation internationale. Ces dix dernières années, plus de 90 % des bénéfices réalisés par les entreprises du Global Fortune 500 (500 plus grandes entreprises mondiales en termes de chiffre d’affaires) ont été versés à leurs actionnaires.
Or la crise n’a pas stoppé ces pratiques dont la vision court-termiste a plus que jamais montré ses limites en 2020. Depuis janvier, « Microsoft a versé plus de 21 milliards de dollars à ses actionnaires et Google 15 milliards », soulève le rapport d’Oxfam. Les dividendes pleuvent aussi dans les entreprises qui travaillent sur la mise au point de vaccins contre le Covid-19 comme Johnson & Johnson, Merck et Pfizer. Plus étonnant, même des entreprises ayant enregistré une perte nette depuis le début d’année ont continué à payer leurs actionnaires.
Pour autant, les grandes entreprises ont néanmoins su se montrer généreuses en cette période difficile, au travers de nombreux dons, pourraient penser les plus candides. Oxfam note dans son rapport « que les dons des plus grandes entreprises du monde au cours de la crise du Covid-19 équivalaient en moyenne à 0,32 % de leur résultat opérationnel pour 2019 ».
Plutôt que de compter sur d’hypothétiques actes de générosité de la part des grandes entreprises, Oxfam préconise l’instauration d’un « impôt sur les bénéfices exceptionnels », « nécessaire pour répondre à l’aggravation des inégalités économiques, raciales et de genre engendrées par la pandémie ». Gain potentiel ? « Si l’on se concentre uniquement sur les 32 entreprises mondiales qui profitent le plus du Covid-19, on estime qu’il serait possible de lever 104 milliards de dollars de fonds en 2020 pour lutter contre la pandémie », lance l’organisation. Une somme qui permettrait de payer les tests de dépistages et les vaccins contre le Covid-19 de tous les habitants de la planète et de disposer après ça d’un surplus de 33 milliards de dollars.
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