Les Soulèvements de la Terre : bientôt la saison 2 !
La cour d’appel de Grenoble a relaxé hier les « 7 de Briançon », qui avaient manifesté le 22 avril 2018 pour dénoncer l’action anti-migrants de Génération identitaire au col de l’Échelle. Ils avaient été condamnés en première instance pour « aide à l’entrée irrégulière d’étrangers en France ».
À mesure que s’accélère la dégradation des conditions de vie sur terre, nous sommes de plus en plus nombreux.ses à se sentir tenaillé.es par la confusion, la colère et l’absence d’horizon. Qu’attendre d’une énième COP ou d’un catalogue printanier de promesses électorales ? Seul un basculement radical – un soulèvement – pourrait permettre d’enrayer le réchauffement climatique et la 6ème extinction massive des espèces déjà en cours. Au fond, nous le savons, il ne nous reste aujourd’hui plus d’autre voie que de mettre toutes nos forces dans la bataille pour enrayer le désastre en cours, et abattre le système économique dévorant qui l’engendre.
Les « Soulèvements de la Terre », c’est la tentative de construire un réseau de luttes locales tout en impulsant un mouvement de résistance et de redistribution foncière à plus large échelle. C’est la volonté d’établir un véritable rapport de force en vue d’arracher la terre au ravage industriel et marchand.
Ce printemps, nous nous sommes lancé.es dans une première série d’actions aux quatre coins d’un pays encore à demi confiné. Nous avons occupé et cultivé des terres, et bloqué les infrastructures qui les menaçaient dans les montagnes de Haute-Loire ou le bocage de Loire-Atlantique, sur des zones fertiles en périphérie de Rennes ou de Besançon. Nous avons exploré la possibilité de s’organiser nationalement pour paralyser et désarmer des sites industriels stratégiques lors du blocage simultané de 4 centrales à béton d’Île-de-France.
Soudé.es par cette aventure, nous appelons aujourd’hui à une 2ème saison : le 22 et 23 septembre autour de Niort pour contrer les chantiers de méga-bassines, le 9 et 10 octobre lors d’une marche pour les terres fertiles d’Île-de-France, au cours des mois qui suivront afin d’empêcher des accaparements fonciers et reprendre des terres, puis le 5 mars à Lyon pour assiéger Bayer-Monsanto.
Après une première convergence de forces contre la bétonisation, cette seconde saison aura pour cible majeure l’accaparement et l’intoxication des terres par le système agro-industriel. Ce système est un vaste complexe composé de multiples acteurs : des groupes industriels plus puissants que les États, Bayer-Monsanto et ses manipulations sur le vivant en tête ; des politiques public-privé qui privatisent l’accès à nos ressources vitales, telles que l’eau avec les projets de « méga-bassines » ; ou encore des sociétés agricoles à visée hégémonique qui s’approprient des quantités considérables de terres. Mais aussi étendu que soit ce système, nous pouvons le combattre en de multiples points.
Il repose sur une course effrénée à l’agrandissement des exploitations agricoles et à l’augmentation des rendements, au mépris de l’environnement, de la qualité de la nourriture et des conditions de travail. En 2013, 3,1 % des exploitations concentraient à elles seules la moitié des terres agricoles de l’Union Européenne. Il a également conduit à la quasi disparition de la classe paysanne, comme de pans entiers de la biodiversité, et génère des profits colossaux pour les multinationales productrices de pesticides et engrais chimiques, tandis que les exploitant.e.s peinent à se tirer un revenu et s’endettent à en crever. Cette agriculture extractiviste requiert un recours croissant à la mécanisation, à l’automatisation et à la chimie. Elle empoisonne massivement les biens communs que sont la terre et l’eau. Elle tue les oiseaux, les rongeurs, les insectes et les humains. C’est une catastrophe pour le climat, la biodiversité et la santé. Malgré tout, les gouvernements successifs continuent, complices, de porter ce modèle avec la FNSEA, structure tentaculaire pilotée par les patrons de l’agro-business. Le renouveau d’une paysannerie à la fois viable et soucieuse du vivant est bridé, bien qu’une partie de plus en plus large de la population en soutienne clairement les principes.
D’ici dix ans, la moitié des exploitant.es agricoles actuel.les seront parti.es à la retraite. C’est l’occasion ou jamais d’arracher ces terres à l’agro-industrie et de construire un mouvement qui articule installations paysannes, occupations de terres et expériences d’auto-organisation communautaire pour la subsistance. La reprise de terres est un impératif historique. Elle ne peut advenir qu’avec une lutte active et résolue pour le démantèlement des incarnations les plus nocives du complexe agro-industriel.
Acte 1 – 22 septembre : Manif-action contre les méga-bassines, Niort, 12h, place de la Brèche.
Les méga-bassines sont de gigantesques cratères bâchés (entre 5 et 20 hectares). Elles sont présentées comme des «réserves de substitution» en vue de stocker l’eau d’hiver pour arroser l’été, mais sont en fait remplies directement en pompant la nappe phréatique. Ces infrastructures ont un impact écologique majeur sur le territoire. Elles alimentent la fuite en avant de l’agro-industrie, avec son cortège de monocultures de maïs sur des sols stérilisés et de méthaniseurs géants. Les «bassines» constituent un triple accaparement : des terres, de l’eau et de l’argent public, puisque ce sont nos factures d’eau qui les financent pour le profit de quelques coopératives agro-industrielles. La construction de 16 bassines est prévue par les pouvoirs publics. Ce chantier d’envergure est le premier avant la généralisation du dispositif au territoire national. Dans le Pays Niortais, les premiers coups de tractopelles viennent d’être donnés. C’est dans ce contexte que la FNSEA tient son congrès à Niort, du 21 au 23 septembre prochain avec pour thème : «l’adaptation au changement climatique». L’objectif : verdir son discours tout en se donnant les moyens de continuer à épuiser les sols et les ressources en eau. C’est une véritable provocation, alors que les débats nationaux du Varenne de l’eau sont encore en cours et que les tensions locales autour du partage de l’eau se multiplient.
Nous appelons à une grande manifestation le mercredi 22 septembre à 12h place de la Brèche pour porter haut la voix de l’écologie et de l’agriculture paysanne face au lobby agro-industriel. Après un banquet, l’après-midi du mercredi 22 et la journée du jeudi 23 seront consacrées à des actions contre les «bassines». Le 22 septembre n’est qu’une première étape. Dans les mois qui viennent nous continuerons de batailler aux côtés des collectifs « Bassines, non merci ! » pour obtenir l’arrêt immédiat des travaux et l’abandon définitif du projet. Il ne s’agit pas simplement de défendre le marais poitevin, mais d’empêcher également que le modèle de « méga-bassine » ne s’exporte partout ailleurs. https://bassinesnonmerci.fr/ fb : bassines.nonmerci.5
Manifestation contre les projets de mega-bassines agricoles à Saint-Sauvan, dans la Vienne, en mai 2021. Crédit photo : Jean-Francois FORT / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Acte 2 – 9-10 Octobre : Marches sur Paris pour les terres fertiles d’Île-de-France et contre la bétonisation.
Pour prolonger la dynamique contre l’artificialisation des sols initiée lors de la Saison 1 et les actions menées sur les centrales à béton, nous vous invitons à rejoindre les marches qui partiront de quatre points d’Île-de-France le 9 octobre prochain afin de converger à Matignon le lendemain. Ces marches ont pour but d’exiger un moratoire immédiat sur l’artificialisation des terres en Île-de-France. Depuis les champs de Gonesse, Val Bréon, Thoiry, la zad du plateau fertile de Saclay ou encore les jardins populaires d’Aubervilliers, des habitant.e.s luttent pour la défense et la réappropriation collective des terres menacées. À la veille des JO de Paris qui vont faire couler à flot le béton et au lendemain de l’expulsion des Jardins À Défendre d’Aubervilliers, alors que 2.000 ha de surfaces agricoles disparaissent chaque année en Île-de-France, iels ont besoin de tout notre soutien. https://les-marches-des-terres.com/index.html
À lire > Rassemblement mouvementé devant les jardins d’Aubervilliers
Acte 3 – Tout au long de la saison : battre la campagne contre l’accaparement
Nous souhaitons engager un travail de fond sur l’accaparement des terres par l’agro-industrie, avec pour but de lancer diverses enquêtes, mobilisations et initiatives d’éducation populaire pour lutter localement contre l’agrandissement démesuré des fermes. Celles-ci pourront prendre des formes multiples : occupations de terres, apprentissage communautaire de la veille foncière et des mécanismes de régulation, diffusion publique des informations relatives aux sociétés qui concentrent le plus de foncier agricole à l’échelle d’un territoire, soutien aux jeunes paysan.nes entravé.es dans l’accès au foncier par les dynamiques de cumul et d’agrandissement, etc. Des actions contre l’accaparement sont déjà prévues au cours de l’automne-hiver prochain. En novembre dans le Tarn, nous reprendrons la terre à celleux qui l’exploitent dans l’illégalité et avec la complicité de l’État, au détriment d’un paysan-boulanger bloqué dans son installation. D’autres actions concernant des vignobles du Var et du Jura se préciseront au fil de la saison, en relation étroite avec les forces paysannes locales. Si vous souhaitez travailler à de telles initiatives ou signaler des cas de cumul abusifs empêchant des installations paysannes dans votre secteur, n’hésitez pas à entrer en contact avec le secrétariat des Soulèvements de la Terre.
Acte 4 – 5 mars 2022 : Assiéger Bayer-Monsanto, Lyon
L’industrie de la chimie est la pièce maîtresse du complexe agro-industriel. Engrais de synthèse, pesticides ou fongicides ont méthodiquement dépossédé les paysan.nes de leur autonomie et profondément bouleversé leur lien à la terre. Désormais, notre subsistance alimentaire dépend d’une industrie biocidaire qui ravage tout sur son passage. Depuis 1901, Monsanto ne cesse de sévir : elle produit PCB, dioxine, glyphosate, hormones de croissance, pollution, Roundup, OGM et gène Terminator… En toute connaissance de cause, l’entreprise a systématiquement répondu aux scandales entourant ses activités toxiques par des études biaisées, du lobbyisme féroce et une cohorte d’avocats. Responsable de l’empoisonnement de centaines de milliers d’hectares de terres agricoles et d’autant de cancers, l’entreprise a tout de même été rachetée en 2017 par Bayer, scellant l’alliance historique de l’agent orange et du zyklon B. Mettons fin à cette aberration et fermons Monsanto par nous même, puisqu’aucun gouvernement n’en semble capable. Rendez-vous à Lyon, au siège social France de Bayer-Monsanto, le samedi 5 Mars.
Entre la fin du monde et la fin de leur monde, il n’y a pas d’alternative. Rejoignez les Soulèvements de la Terre.
Site internet : lessoulevementsdelaterre.org Facebook / Twitter / Instagram : Les soulèvements de la Terre – #SoulevementsTerre Contact : lessoulevementsdelaterre@riseup.net
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