À Aubervilliers, la gauche unifiée dans sa diversité
La Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) a lancé sa campagne des législatives par une grande convention d’investiture ce samedi 7 mai. Avec la volonté assumée de faire oublier les fractures pour gagner.
C e rassemblement restera gravé dans l’histoire », lance Manon Aubry aux milliers de candidats et militants de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) amassés sur les sièges de la grande salle des Docks de Paris à Aubervilliers. La députée européenne insoumise animait ce samedi 7 mai la convention de la gauche française rassemblée, aux côtés de l’élue écologiste Marine Tondelier. L’événement a parfaitement lancé la campagne de la coalition historique qui rassemble, entre autres, la France insoumise (LFI), Europe écologie – Les Verts (EELV), le Parti communiste (PCF) et le Parti socialiste (PS) autour d’une ambition commune : porter Jean-Luc Mélenchon jusqu’à Matignon en gagnant les législatives.
La majorité des 577 candidats de la NUPES, ainsi que leurs équipes de campagne, avaient été convoqués dans la matinée pour régler les derniers détails de l’alliance loin des caméras. Pendant ce temps, des volontaires majoritairement issus de la France insoumise s’agitaient en coulisses pour préparer l’après-midi. Corinne Buzon, petite main chargée de la préparation des repas, se félicite : « On va enfin pouvoir gagner et faire appliquer notre programme ! » À peine le temps de finir sa phrase que la militante se fait déjà rappeler à l’ordre. Alors que les premiers journalistes arrivent sur les lieux, l’heure n’est pas à l’oisiveté.
Parfois déçus mais toujours mobilisés
Une heure avant le début de la convention, prévue à 14h30, les têtes d’affiches s’alignent à l’intérieur de la salle plénière pour une photographie de groupe qui sera diffusée dans la soirée.
« On a dû crier dans un mégaphone pendant une heure pour les rassembler », s’amuse un militant. Pendant ce temps, certains candidats suppléants et militants moins en vue profitent des food-trucks disposés à l’extérieur pour avaler un en-cas. « Nous aurions dû être candidats dans la 2ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques », confient Claude Gout et Magali Leroy. Ces insoumis de la première heure ont dû se retirer au profit d’une candidate issue de Génération écologie. Une fois la nouvelle digérée, ils ont décidé de s’engager pleinement dans la campagne de leur candidate.
Certains sont plus amers, à l’image de Christophe Grassullo, directeur du cabinet de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. « C’est frustrant car l’accord entre nos partis est issu d’un rapport de force, celui des présidentielles. Il empêche tout un tas de candidatures », regrette-t-il, cigarette à la main. Il poursuit : « Pour autant, nous avons la volonté de mener une grande campagne, partout en France et de faire gagner notre programme commun. » Si l’heure est au rassemblement, la campagne présidentielle qui a vu la gauche se déchirer est encore dans toutes les têtes.
Une entrée sélective
Les derniers journalistes s’engouffrent dans le bâtiment qui accueille la convention. L’entrée y est sélective. Seuls les futurs candidats aux législatives et leur garde rapprochée sont conviés. Pourtant, avec malice et persévérance, quelques militants sans mandat se sont invités à cette grande fête. « À l’élection présidentielle, j’ai longtemps hésité entre Hidalgo, Jadot et Mélenchon. Sans cette guerre d’égos, la gauche aurait gagné », avance Christelle Baker, sympathisante d’EELV (photo ci-dessous). La communicante de 32 ans souhaite de tout cœur que la question du handicap soit portée par la NUPES.
Après avoir été introduit par les deux animatrices de l’événement, le député européen Manuel Bompard (LFI) ouvre le bal des prises de parole. Des personnalités telles qu’Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF) ou Julien Bayou (EELV) se suivent alors sur scène, le temps de marteler leur ambition de gouverner et d’afficher une fraternité inédite. Viennent ensuite des prises de parole très chronométrées de candidats sur des points de programme, dans un flot d’applaudissements continu. Les néons de couleur rouge, rose, vert et jaune, disposés autour de la salle, achèvent de rappeler la diversité des sensibilités rassemblées sous la bannière NUPES.
« Des ponts plutôt que des murs »
« Il y a un espoir énorme », commente Nour Durand-Raucher, élu EELV à la mairie de Paris. « Tout s’est fait de manière extrêmement rapide, mais nous sommes prêts à militer. Il faut maintenant construire des ponts plutôt que des murs », conclut celui qui, en début d’année, avait acquis une étonnante notoriété sur les réseaux sociaux à cause de sa ressemblance avec Jean-Michel Blanquer.
Sur le parvis du bâtiment, un écran géant permet de suivre la convention en direct. Quelques militants en profitent pour prendre un bain de soleil. Là-bas, Rémi Carton (photo ci-dessous) affiche fièrement son badge du PS et assure : « Il y a encore deux semaines, je n’aurais jamais imaginé me rendre à un meeting avec Mélenchon comme tête d’affiche ! » Devant l’espoir soulevé par la NUPES, l’étudiant de 28 ans a laissé de côté son inimitié pour le leader insoumis, afin de rejoindre le mouvement.
Un tribun attendu
À l’intérieur, les derniers candidats défilent à la tribune, avant l’arrivée très attendue de Jean-Luc Mélenchon censé clore la convention. Aurélien Le Coq, co-animateur des Jeunes Insoumis, suit les prises de parole avec attention. Il promet que les organisations de jeunesse seront mobilisées aux côtés des candidats : « Il y aura un travail commun. »
Le tribun de l’Union Populaire s’élance enfin sur la scène, vers 16h50. Fidèle à lui-même, il rappelle les règles de la Ve république qui pourraient lui permettre d’arriver au pouvoir en cas de cohabitation. Au terme d’un discours fédérateur, il conclut le rassemblement par une citation de Victor Hugo : « Tenir bon, tenir tête. Voilà l’exemple dont les peuples ont besoin. Et la lumière qui les électrise. » Reste à voir si cette lumière se traduira dans les urnes le 12 juin prochain.
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