Commerce équitable : harmonie rompue
dans l’hebdo N° 937 Acheter ce numéro
Akordi, qui signifie « être en harmonie » en esperanto, est le nom d’une coopérative née il y a six mois « pour le développement du commerce équitable et de l’économie solidaire » , précise la gérante, Sonia J. Fath. Mais les actuels occupants du 26, Grand’Rue, une artère commerçante située entre la gare et le centre de Strasbourg, sont loin de l’harmonie ! La coopérative, soutenue par une dizaine de bénévoles, « occupe le local de l’association La Cédraie [ancienne association de commerce équitable] *, qui a été mise en liquidation judiciaire avec 368 000 euros de dettes »* , explique Sonia. Après la liquidation, prononcée le 23 octobre 2006, Akordi s’est installée dans ces locaux, « afin que le magasin puisse rester ouvert et que les activités puissent continuer. Malheureusement, le liquidateur mis en place par le tribunal a mandaté une agence pour fixer un droit au bail de 35 000 euros. Comme nous sommes tous RMistes ou presque, nous n’en avons pas les moyens » .
Comment rassembler cette somme ? Trouver un financement de l’économie solidaire se révèle un parcours du combattant : « En Alsace, il n’y a ni Garrigue, ni Cigales, ni Clefe, ni Racines [organismes de financement alternatifs] , mais des banques capitalistes à tous les coins de rue, expose Sonia, qui a raconté ses mésaventures sur le blog des rédacteurs de Politis ([^2]). J’ai essayé l’Adie, qui ne finance que des microprojets ; Alsace Active, qui m’a répondu : « Ici, c’est l’Alsace d’abord » *, alors que pour nous c’est du multinationalisme humaniste ; Finansol, qui n’a jamais de sous ; et Oikos, qui n’a de sous que pour le Sud. »* Sonia ne renonce pas à son projet de sauver ce lieu consacré au commerce équitable et à l’économie solidaire. La coopérative est à la recherche de 30 000 euros, 25 000 pour le droit au bail et 5 000 pour quelques frais (agence, caution de loyer). Elle en a déjà trouvé 10 000, reste 20 000 euros à trouver. Un appel aux dons a donc été lancé.
N’en doutez pas, la gérante et ses bénévoles sont déterminés et continueront d’occuper les lieux : « Nous allons commencer par installer une tente de squat en plein milieu du magasin ! » De plus en plus de soutiens se manifestent, nécessaires pour franchir les nombreux obstacles.