Copérative Extra-Muros : échanges de bon procédé

Rémy Artignan  • 22 février 2007 abonné·es


En quoi consiste votre projet « Valeurs ajoutées sociales » ?

Caroline Senez [^2] : C’est un programme franco-belge qui associe des structures du Nord, de Flandres et de Wallonie. La coopérative Extra-Muros pilote le projet auquel sont associés le réseau Ressources, qui regroupe des entreprises d’économie sociale actives dans la récupération et le recyclage, le Centre public d’action sociale de Fleurus, un service public local, et le magasin de seconde main Kringloop, de Roeselare. La coopérative est aussi chargée de la gestion financière et administrative. L’idée de base est d’échanger autour des démarches de progrès en développement durable. Extra-Muros a déjà sa méthode, appelée HQ 21.</>

En quoi consiste cette méthode ?

C’est une méthode qui a été initiée par Extra-Muros et la communauté de communes de Dunkerque. Elle a été développée dans une centaine de structures jusqu’à aujourd’hui (collectivités, associations, entreprises, réseaux, etc.). Elle permet aux organismes qui le souhaitent de réfléchir à leurs pratiques, dans tous les domaines, et de voir si elles sont cohérentes avec une volonté de s’engager dans le développement durable. Il s’agit de faire une évaluation des manques et des limites des structures en la matière, de monter un plan d’action et d’organiser un suivi de l’application de ce plan de façon autonome pour la structure volontaire. Il y a quatre volets d’actions : économie plurielle, environnement, cohésion sociale et gouvernance.

Pourquoi un programme transfrontalier ?

Des démarches de développement durable existent déjà en France, mais c’est surtout en Belgique que la culture de l’évaluation est la plus importante. Le programme vise donc à échanger les méthodes de chacun et à faire une critique de nos propres outils. Le Fonds européen de développement régional (Feder) finance 50 % du projet. La Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (Drire) participe aussi à hauteur de 10 à 15 %, et les quatre structures partenaires complètent le budget. C’est une occasion de capitaliser notre expérience et, surtout, de la mettre en débat au niveau européen.

Quelles différences y a-t-il avec d’autres démarches existantes, comme les Agendas 21 [^3] ou la norme Haute Qualité environnementale (HQE) ?

Premièrement, ce n’est pas une norme. Nous ne donnons ni certification ni obligation. Les organismes qui nous contactent sont volontaires. La démarche HQ 21 exploite cette donnée en étant participative : il n’est pas question de travailler uniquement avec l’élu ou le directeur, on souhaite voir tous les volontaires, à chaque échelon. Deuxièmement, cette démarche s’adapte à toute sorte d’organisme et de domaine d’activité. Elle peut être modulée pour correspondre aux besoins de la structure, sans perdre en route son essence, sinon on refuse. Elle se décline aussi dans une version pouvant impliquer des personnes handicapées ou ne pouvant pas lire. Elle peut même faire office d’Agenda 21 pour des petites communes, car son dispositif est moins lourd à mettre en place.

Si la démarche est entièrement volontaire, n’y a-t-il pas un risque de voir la structure prendre des bonnes résolutions et finalement ne rien produire de concret ?

Il se peut que les gens, quand nous serons partis, mettent le projet dans un tiroir et l’oublient. Mais l’enjeu consiste justement à susciter une volonté d’agir, à créer une attente, pour que les gens se sentent obligés d’aller de l’avant et de continuer par eux-mêmes. L’idée, c’est de leur transférer au maximum le projet. On laisse aux structures un plan d’action et tous les outils d’évaluation nécessaires. Un an après, c’est à elles de voir la part d’objectifs atteints. Certaines le font d’elles-mêmes, et sont même allées plus loin que prévu, d’autres nous recontactent pour une piqûre de rappel. Comme elles sont volontaires, nous misons sur l’envie de résultats.

Quel devenir pour « Valeurs ajoutées » et pour Extra-Muros ?

Une demande de suite émane des participants au colloque « Valeur ajoutée sociale », qui a eu lieu à Lille le 2 février dernier, et qui rassemblait différents partenaires. On ambitionne de mettre en place un réseau de bonnes pratiques et peut-être une biennale, pour continuer à échanger sur ce thème au-delà du programme qui doit s’achever en septembre 2007. Quant à Extra-Muros, l’année 2006 ayant été placée sous le signe du social, nous allons maintenant mettre l’accent sur le volet environnemental.

[^2]: Gérante d’Extra-Muros, coopérative de conseil en développement durable à destination des acteurs de l’économie solidaire et des collectivités.

[^3]: Programme d’action visant à appliquer le développement durable aux collectivités locales.

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