L’idée fixe de Chirac

Claude-Marie Vadrot  • 8 février 2007 abonné·es

Vite fait, bien fait, la présidence de la République vient d’organiser son colloque sur l’avenir de la planète avec, en chef d’orchestre, l’écologiste notoire Alain Juppé. Qui, au micro d’une consoeur, confondait panneau photovoltaïque et chauffage solaire. Deux cents spécialistes « venus du monde entier », soit d’une quarantaine de pays, et une bonne moitié de France, ont donc parlé un après-midi sans vraiment s’écouter, prenant date pour une prochaine conférence où s’exprimeront le pessimisme des scientifiques et l’optimisme des politiques, etc. Derrière le remue-ménage politico-médiatique autour du dérèglement climatique, la plupart des autres ateliers (pollution, santé, biodiversité, mode de production et de consommation…) sont passés à la trappe, comme si ces sujets de préoccupation planétaire étaient moins importants. Atelier biodiversité : sur 32 participants, 3 femmes seulement ; c’est peut-être pour cela que Nicolas Hulot semble de s’y ennuyer ferme. Ailleurs, même tonalité générale : un ennui accablant. On retenait, dans les interventions les plus courageuses, que les conventions internationales et les conférences ne servent pas à grand-chose.

En fait, cette rencontre « Citoyens de la Terre », décidée à la hâte fin 2006, n’avait qu’un seul véritable objectif: mettre en valeur l’idée fixe de Jacques Chirac, la création, sous l’égide de l’ONU, d’une Organisation mondiale de l’environnement, en place du Programme des Nations unies pour l’environnement, créé en 1974 et doté du seul pouvoir de faire des rapports.

Cette idée, avancée depuis longtemps par de nombreuses associations écologistes dans le monde, n’est pas mauvaise, surtout si elle est conçue pour rééquilibrer l’influence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais depuis qu’elle a été présentée officiellement par le président de la République lors de son célèbre discours de Johannesburg ( « La maison brûle et nous regardons ailleurs… » ), en juillet 2002, cette proposition n’a pas avancé d’un millimètre, et elle a été retoquée à tous les sommets du G8 où Jacques Chirac l’a resservie. Ni les États-Unis ni la Russie, pour n’évoquer que ces deux grands pollueurs planétaires, n’ont envie qu’un nouvel organisme se mêle de leur façon de gérer l’avenir de la planète. Ils n’étaient d’ailleurs pas officiellement représentés à la conférence, pas plus que la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Australie et les grands pays africains. L’Appel de Paris lancé solennellement depuis l’Élysée, préconisant une « révolution écologique », n’aura finalement entraîné qu’une petite quarantaine de nations, qui sont convenues de se retrouver un jour au Maroc. Pour tenir une nouvelle conférence.

Écologie
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