Mauvaise foi
dans l’hebdo N° 939 Acheter ce numéro
Comme toujours au Proche-Orient, le « deux poids deux mesures » est à l’oeuvre depuis que l’on connaît les termes de l’accord signé le 8 février à La Mecque entre le Fatah et le Hamas. Ainsi, il n’étonne personne qu’Ehud Olmert prétende juger ce texte à l’aune de son respect de la « feuille de route », c’est-à-dire du plan de paix mis au point en 2003 par le Quartette (États-Unis, ONU, Russie, Union européenne) quand lui-même en rejette certaines conditions essentielles, comme le gel de la colonisation. Le Premier ministre israélien menace de rompre tout contact avec le président de l’Autorité palestinienne si celui-ci n’accepte pas toutes les conditions de ce document auquel, en son temps, Ariel Sharon avait opposé pas moins de quatorze objections…
On voit évidemment où veulent en venir Israël et les États-Unis : au rejet pur et simple de l’accord de La Mecque et au renforcement des postures les plus radicales au sein des mouvements palestiniens. Pourtant, le Hamas, qui accepte la formation d’un gouvernement d’union nationale avec le Fatah (celui-ci comprendrait neuf membres du mouvement islamique, six du Fatah, quatre d’autres formations politiques et trois indépendants), y reconnaît tous les accords internationaux signés antérieurement par l’Organisation de libération de la Palestine. Ce qui comprend évidemment les accords signés avec Israël. Mais il en ira probablement de cette concession comme de toutes les autres. Elle sera jugée insuffisante par l’État hébreu et son allié américain. Une voix franche et indépendante de l’Europe et de la France pour, à l’inverse, se féliciter des termes de l’accord et demander à Israël de reprendre les négociations avec tous les représentants légitimes du peuple palestinien serait la bienvenue. Hélas, une semaine après la réunion de La Mecque, les instances européennes se montrent encore hésitantes. À moins qu’elles attendent de s’aligner sur Washington…