Référendum au Portugal
dans l’hebdo N° 938 Acheter ce numéro
En matière d’avortement, le Portugal est l’un des pays les plus restrictifs d’Europe avec l’Irlande et la Pologne. Malte mise à part, qui l’interdit totalement. Aujourd’hui, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est autorisée au Portugal qu’en cas de viol, de malformation grave du foetus ou de danger pour la mère. Conséquence : le nombre alarmant d’avortements clandestins. L’Association pour le planning familial en a recensé 18 000 en 2005. Les organisations militant pour la dépénalisation de l’IVG estiment que 10 000femmes sont hospitalisées chaque année pour des complications. Depuis 1998, date du dernier référendum sur la question (près de 51 % de « non »), 30 femmes auraient été jugées pour avortements illégaux.
Qu’en sera-t-il demain ? Le11 février, 8,7 millions d’électeurs portugais sont appelés à répondre, par voie référendaire, à la question : « Êtes-vous d’accord avec la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse si elle est réalisée, à la demande de la femme, dans les dix premières semaines de grossesse, dans un établissement de santé légalement autorisé ? » Le Parti socialiste, au pouvoir, le parti communiste et le Bloc de gauche sont pour. Le parti de droite Centre démocratique et social, contre. Leparti social-démocrate laisse ses adhérents choisir. À l’aube du référendum, le « oui », majoritaire dans les sondages, serait en recul. Les inquiétudes se concentrent sur l’abstention : l’IVG est un sujet tabou. La question ne serait pas abordée pendant les études de médecine, l’Ordre des médecins considère l’IVG comme une « faute déontologique grave » , et les médecins qui la pratiquent encourent huit ans de prison. Lesmilieux catholiques, très influents, militent violemment en faveur du « non ». Le chanoine de Castelo de Vide a menacé d’excommunication les chrétiens qui y seraient favorables. L’évêque de Braganca a déclaré : « L’avortement est une variante de la peine de mort. » Pour les partisans d’un « oui responsable » , l’enjeu est clair : faire que l’IVG ne soit plus traitée par les organismes policier et judiciaire mais par les services de santé.