« Une immigration utile aux deux pays »
Malek Boutih est délégué aux questions de société au parti socialiste.
dans l’hebdo N° 938 Acheter ce numéro
Votre rapport sur l’immigration est-il resté lettre morte au sein du PS ?
Malek Boutih : Je n’ai jamais pensé qu’il serait immédiatement suivi d’effet. La question de l’immigration n’est pas consensuelle, il faut donc du temps pour faire avancer le débat. Mais je pense avoir fait bouger les lignes dans le sens où, désormais, nous sommes sortis de la position d’intégration des étrangers présents sur le sol français, accompagnée de la chasse à l’immigration clandestine. Ce qui était la position historique de la gauche à cause des problèmes de chômage.
Vous prônez une politique de quotas. N’est-ce pas un voeu pieux que de persister à vouloir empêcher les étrangers de pénétrer sur le territoire ? N’est-ce pas une obsession de droite ?
Je pense que c’est une idée simpliste que de prétendre qu’il n’y a que deux possibilités pour réguler les flux migratoires : soit on ferme, soit on ouvre nos frontières. Il me semble que plus personne ne défend cette idée-là. Le discours libéral prévoit une utilisation de la main-d’oeuvre étrangère au gré des besoins et aux conditions imposées par l’État et le patronat. Une politique d’immigration de gauche se préoccupe au contraire des enjeux de l’économie française c’est-à-dire les besoins des employeurs et des salariés français , mais aussi des intérêts des immigrés eux-mêmes et de leur pays d’origine.
En quoi le codéveloppement peut-il permettre de réguler les flux migratoires ?
On ne peut plus persister à considérer l’immigration, comme dans les années 1960, comme un palliatif de la main-d’oeuvre manquante. On a accepté l’idée que le phénomène migratoire sera permanent et qu’il pourrait même s’amplifier. Si l’immigration est régulée, elle devient utile aux deux pays, au pays du migrant et au pays d’accueil.
La question de l’immigration est désormais appréhendée au PS sous l’angle de la coopération entre la France et les pays d’Afrique. Ségolène Royal a posé des jalons au Sénégal pour qu’on arrive progressivement à mettre en place le cadre de cette coopération avec les pays clés du problème