Courrier des lecteurs Politis 941

Politis  • 1 mars 2007 abonné·es

Lettre adressée à M.Haut, président du conseil général de Vaucluse

M. le sénateur,

La loi sur les 500 parrainages pour la candidature à la présidentielle, et la divulgation de l’identité des signataires, entraîne notre pays vers une asphyxie de son fonctionnement démocratique.

L’UMP, le PS et le PC, en interdisant à leurs inféodés de parrainer des candidats autres que ceux de leur parti, participent activement à cet étranglement des droits civiques, notamment la possibilité pour chacun de faire entendre sa voix lors d’une élection.

Il en va de l’honneur et de la dignité de tout représentant du peuple de s’opposer à ces coups de force, qui bafouent nos valeurs républicaines.

En vertu de quoi, en tant que premier représentant du PS sur le Vaucluse, nous vous demandons de prendre toutes dispositions nécessaires, auprès des élus de votre parti, pour que les parrainages obligatoires soient accordés aux candidats de gauche, autres que PS, PC, afin qu’ils puissent pleinement participer à l’élection présidentielle. Vous n’êtes pas sans savoir que ces mêmes élus doivent leurs fonctions à un électorat qui se situe largement hors du PS ou du PC, ce qui constitue un prêt de confiance qui mériterait d’être remboursé lors des échéances importantes de la vie républicaine. C’est une question de valeurs.

Après la présidentielle, les législatives, les municipales, tous les candidats issus du PS et PC solliciteront alors ce même électorat « hors parti », ils devraient y penser ; c’est, pour eux, une question d’intérêt.

Soyez assuré, M. le sénateur, de notre très haute considération et de notre dévouement à l’idéal républicain et démocratique.

Raphaël Sardou, membre du collectif antilibéral du Vaucluse, Avignon (enzogiornale@gmail.com)

Pas de généralités

Je me vois obligé de réagir aux propos de M. Jacques Borie, dans le « courrier » du n° 939 de Politis . Je cite : « Notre hebdo est illisible pour l’immense majorité de la population salariée plus les chômeurs, dont une partie fuit dans le vote Le Pen. »

Je ne suis ni enseignant ni intellectuel, ayant fait un apprentissage en pâtisserie, puis en cuisine. Aujourd’hui, je perçois une pension d’invalidité.

Cela ne m’empêche pas de lire avec attention le Diplo et Politis . Et de soutenir les actions des associations Survie ou Agir ici, ainsi que d’avoir des potes au Burkina !

Le dernier bouquin que j’ai acheté (avec mon faible minima social) : le Pari de la décroissance , de Serge Latouche. Je vous le conseille.

Arrêtons les généralités. Il est possible d’être chômeur, invalide asocial, handicapé, voire SDF (j’en oublie ?), tout en lisant des publications qui poussent à autre chose que la TV-réalité, les stades ou les bistrots !

Pas obligé d’être intello pour avoir un sens critique, une distance sur la désinformation ou des idées personnelles.

Peut-être un accès à la culture, à la vraie information, à la connaissance pourrait nous sauver la mise. Pourquoi pas l’université populaire de Michel Onfray ?

Pascal Sauvage, Le Poiré-sur-Vie (Vendée)

Lettre ouverte à François Hollande

Comme de nombreux citoyens de gauche, qui ne se reconnaissent plus dans les partis traditionnels (PS, PC, Verts, LCR…), j’ai choisi de soutenir la candidature de José Bové à l’élection présidentielle. Comme de nombreux citoyens de gauche, je suis convaincu que cette candidature est une chance pour renouveler le débat politique dans notre pays et pour créer une nouvelle dynamique populaire à gauche du parti socialiste, condition indispensable pour battre la droite au deuxième tour. Mais, comme de nombreux citoyens de gauche, je suis inquiet aujourd’hui de l’éventualité que José Bové n’obtienne pas les 500 parrainages nécessaires, notamment à cause des consignes de votre parti. L’hégémonie politique n’a jamais servi ni la gauche, ni les socialistes, ni la démocratie. L’hégémonie, c’est la stratégie de M. Sarkozy, dont on constate chaque jour davantage la violence politique. Il y a, quand on est démocrate, des compromis inacceptables. C’est une question de cohérence et de loyauté. Si le candidat qui défend mes valeurs, celles de la transformation sociale et écologique, ne peut se présenter à cette élection présidentielle, alors c’est que cette élection n’est pas démocratique. En conséquence, pourquoi devrais-je continuer à voter pour les candidats de votre parti au deuxième tour des prochaines élections présidentielle et législatives ? Je mesure en toute lucidité la gravité de mes propos pour ceux qui souffrent le plus de la politique inégalitaire de l’UMP, mais c’est vous qui en portez la responsabilité.

Benoît Campion, Marseille

Politis à la une

Je vous lis maintenant depuis quelques semaines avec un certain plaisir, même si j’aime mélanger les genres. Lundi matin, je me suis rendue pour la première fois chez un petit buraliste de Villeneuve-les-Béziers. Fort aimablement, celui-ci a écouté ma requête, alors que je regrettais que Politis ne soit pas dans les bacs, et il parut interessé lorsque je lui brossais sommairement les qualités de votre journal, qu’il ne connaissait pas. Quelle n’a pas été ma surprise de voir Politis sur un présentoir le vendredi suivant, bien en évidence devant les autres revues. Je fis part de ma surprise au buraliste, qui me dit avec un grand sourire être à l’écoute du client ; devant la caisse de paiement un nouvel exemplaire de Politis était exhibé, bien en évidence lui aussi. Quand je lis les commentaires de vos lecteurs sur certains vendeurs, je ne peux que me réjouir devant ce buraliste qui a le souci de diffuser l’information.

Patricia Picon, Villeneuve-les-Béziers (Hérault)

Le téléthon

Àpropos de l’article de Jacques Testart, « le téléthon, l’évêque et le citoyen », paru dans le n° 931 de Politis , je voulais vous dire que ce qui compte absolument dans le téléthon, c’est l’espoir qu’il suscite. Même si tout est vain, les familles ne sont plus isolées. Enfin, on parle d’elles et de leurs problèmes ! Elles sont épaulées, soutenues : des personnes se donnent à fond pour ce projet, des communes entières se mobilisent. Et tant pis si c’est un leurre.

Jeanne Guyot, Clamart (Hauts-de-Seine)

Maurice Papon

Il est des pays où les criminels de guerre sont arrêtés, jugés et punis pour leurs actes, comme ils le méritent. Il se trouve qu’en France, prétendument pays des droits de l’homme et des libertés, un haut fonctionnaire de Vichy, responsable de l’arrestation, de la déportation et de l’assassinat de milliers de juifs, continuera après la guerre sa charge de préfet, deviendra ministre de la République, sera finalement jugé mais libéré au bout de quelques mois. Puis enterré avec la Légion d’honneur. Il est des pays comme des hommes. Certains n’apprennent ni ne changent. Décidément, Maurice Papon aura été protégé jusqu’au bout. La question est parqui ?

Nathalie Ohana, Paris

Réflexions d’un citoyen

On entendait fréquemment dire : « Le plus important parti en France est celui des anciens communistes. » J’ignore le bien-fondé du propos. J’y soupçonne toutefois une part de vérité, que ces anciens communistes aient été exclus ou qu’ils soient partis sur la pointe des pieds. Ils sont des milliers qui ont continué à se retrouver dans toutes les luttes aux côtés des militants de la gauche radicale, aux côtés des syndicalistes, de militants associatifs et de citoyens dans, ou autour, des collectifs pour le rassemblement de toutes les forces de la gauche de la transformation sociale. Je précise bien « aux côtés », et non subordonnés. Nous devons collectivement nous affronter à une conception nouvelle de faire de la politique. La candidature de dirigeants de structures partidaires, même soutenue par la majorité de leurs membres, paraît incapable de satisfaire l’exigence de rassemblement. La candidature, certes personnelle, de José Bové offre une possibilité de dépasser cette situation. Simple citoyen, j’appelle tous mes camarades, anciens membres du parti communiste, à s’engager dans son soutien et sa campagne, qui permettra d’affronter dans la période à venir, dans l’unité, batailles sociales et politiques. Oui à« l’insurrection électorale » demandée par Jacques Perreux dans la tribune parue dans l’Humanité du 17 février 2007.

Jean Brugié, Arcueil

Mme Royal, «~superassistante sociale~»

La lecture des 100 mesures préconisées par la candidate socialiste donnerait des cheveux blancs à n’importe quel économiste qui aurait à en assumer le financement : porter le Smic à 1 500 euros « le plus tôt possible » (sic), revaloriser immédiatement de 5 % les petites retraites et les allocations aux handicapés, augmenter les allocations logement, organiser le soutien scolaire gratuit pour tous les élèves, ouvrir 500 000 emplois tremplins aux jeunes, promouvoir un syndicalisme de masse par un financement public, doubler le budget de la justice, etc. On comprend les difficultés et les réticences à chiffrer un tel catalogue ! Le vrai problème de la candidature de Mme Royal n’est ni François Hollande, ni la composition ou la structure de son équipe de campagne, ni un problème d’organisation, mais bien Mme Royal elle-même. J’ai le plus grand respect pour le métier d’assistante sociale, pour l’aide que ces personnes tentent d’apporter à des individus ou à des familles. Mais je ne pense pas que les Français aient besoin pour présider aux destinées de notre pays d’une sorte de « superassistante sociale », aussi généreuse soit-elle avec l’argent des autres.

Maxime Daubenton, Cambrai (Nord)

Courrier des lecteurs
Temps de lecture : 8 minutes