Courrier des lecteurs Politis 945

Politis  • 29 mars 2007 abonné·es

Courrier des lecteurs

J’ai envoyé, il y a presque un mois, un courrier des lecteurs en lien avec l’article « En quête de reconnaissance ». Pour avoir travaillé moi-même dans un journal, je sais qu’il n’est pas possible de passer tous les courriers des lecteurs en totalité, mais au moins des extraits. Je ne sais quelle est votre politique dans ce domaine. J’espère que vous ne sélectionnez pas que les courriers des lecteurs qui approuvent vos articles.

Même si je ne partage pas tous les points de vue de votre ligne éditoriale, j’en approuve l’essentiel et je salue votre indépendance.

Colette Chanas, Romans (Drôme)

Si notre lectrice lit attentivement le courrier que nous publions, elle constatera que ses craintes sont infondées. La brièveté et l’originalité (nous évitons les lettres qui disent la même chose) sont des critères de sélection. Mais nous ne pouvons qu’avouer un certain « empirisme ». Tant de lettres et si peu de place !

D. S.

Trop, c’est trop !

Je n’ai pas « produit » d’enfants, mais je me suis occupée et préoccupée des enfants des autres. J’ai essayé de les sensibiliser à l’émerveillement et à la compréhension du vivant, au respect de ce qui nous entoure… Je voulais les rendre heureux de vivre sur la planète Terre.

J’ai passé le plus clair de mon temps dans les associations de protection de la nature, les luttes antinucléaires, antipollution de toutes sortes, aux côtés de Greenpeace.

La naissance des Verts m’a apporté l’espoir. On a essayé de ne pas se laisser engloutir par les « politiques » (aux élections, on valait 4 à 5 % au premier tour, et la « gauche » nous faisait les yeux doux, car c’était toujours bon à prendre, on verrait après à reconsidérer les choses…).

Le temps passe, on s’enfonce de plus en plus… L’élection présidentielle était une possibilité de mettre à plat de nombreux problèmes non résolus, d’avoir le droit de parler des commissions de contrôle souvent « bidons », des décisions arbitraires, de cette pseudo-démocratie, « les jeunes se débrouilleront » avec l’héritage qu’on leur laisse…

Ma jeunesse lointaine dans la Résistance m’a appris à ne pas courber la tête sans broncher. Je suis lasse de ces combats sans cesse recommencés, et je refuse de voter « utile ». Ce sera Bové ou rien.

Andrée Goubet, Concarneau-Santarem (29)

Iconoclaste

Nous connaissons maintenant la liste des candidats à l’élection présidentielle. L’heure du choix approche. Sympathisant du courant altermondialiste et écologiste, j’aimerais vous faire part de mes doutes et de mes choix. J’ai été extrêmement déçu de l’échec d’une candidature unique à la « gauche de la gauche ». Il n’est plus temps de revenir sur les raisons de cet échec et sur les responsabilités partagées de chacun. Néanmoins, je ne donnerai ma voix à aucun de ces candidats, contrairement à ce que j’ai toujours fait depuis que je suis en âge de voter. Je pense qu’une bonne claque électorale sera salutaire pour leur faire comprendre enfin que leur union est indispensable pour leur survie et pour maintenir l’espoir. De toute façon, une telle dispersion annihile la possibilité de pouvoir peser sur les choix politiques des « grands partis ». Qu’ils obtiennent chacun 3 % ou 4 % n’a que peu de sens par rapport aux enjeux de cette élection.

Reste maintenant un problème fondamental : éviter que Nicolas Sarkozy devienne président de la République. Il n’y a que deux choix : François Bayrou ou Ségolène Royal. Reconnaissons-le, leurs programmes électoraux sont sensiblement les mêmes, s’inscrivant dans une mouvance « social-démocrate » européenne. On observe néanmoins quelques nuances dans les formulations. Un exemple, la démocratisation de la représentation nationale. Ségolène Royal parle d’ « introduire une part de proportionnelle pour l’élection des députés » (proposition n° 70 du pacte présidentiel, Libération du 12 février 2007).

François Bayrou souhaite « 50 % de députés élus au scrutin majoritaire par circonscription et 50 % de députés élus à la proportionnelle, même répartition pour les régionales » (le Monde du 3 mars 2007).

Détails, diront certains. Je pense pour ma part que la clarté de la formulation illustre la cohérence de la pensée ( « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » ). […]

Quelles seraient les conséquences politiques de l’élection de François Bayrou à la présidence de la République ? Il ne pourrait pas gouverner avec son seul parti. Cela impliquerait l’obligation de changer les règles de fonctionnement de cette Ve République que beaucoup d’entre nous jugent trop peu démocratique. Le Parti socialiste n’aurait pas d’autre choix que de tomber le masque (enfin !) et d’assumer son appartenance idéologique au centre, laissant le champ libre à la création d’un nouveau parti fédérateur à gauche.

Pour toutes ces raisons (et j’en ai beaucoup d’autres en stock), je pense qu’il serait sage de voter pour François Bayrou dès le premier tour, sans enthousiasme certes, pour éviter le pire, en reportant à d’autres échéances l’espoir de lendemains qui chantent.

Guy Flucher, Laon (Aisne)

Régimes spéciaux de retraites

L’article du n° 941 de Politis sur les régimes spéciaux de retraites me fait réagir. Pour être franc, je n’y ai rien compris. Ou plus exactement je n’y ai rien appris. Non pas que je sois expert en la matière ou que je sache déjà. Non, non, bien au contraire, je n’y connais rien, et ce qui me gêne, c’est que je n’y vois pas plus clair à la fin de l’article. Justement, ce que j’attends (peut-être à tort ?) de Politis , ce sont des explications claires qui me permettraient de comprendre une situation. Et, en l’occurrence, tout ignorant que je suis, il ne me paraît pas illégitime de m’interroger sur le bien-fondé du maintien de ces régimes spéciaux qui furent mis en place, me semble-t-il, à une époque où les conditions et le temps de travail, l’espérance de vie et la pyramide des âges n’avaient rien à voir avec ce qu’elles sont aujourd’hui. Je pense que c’est la définition même d’un acquis social dont il est question ici. Est-ce que ce qui est incontestablement un acquis social pour une catégorie de salariés n’apparaît pas comme un privilège (une loi privée) aux yeux de tous les autres ? Alors, s’il vous plaît, ne me dites pas « il est scandaleux de mettre fin aux régimes spéciaux de retraites », expliquez-moi plutôt pourquoi, selon vous, c’est scandaleux. Et laissez-moi me forger mon opinion.

Je suis souvent « en phase » avec les analyses de la société française et du monde en général faites par Politis , mais, (trop ?) régulièrement, un article me tombe des mains car j’ai l’impression qu’il n’est destiné à convaincre que ceux qui sont déjà convaincus. Politis est un hebdo politique et je le prends comme tel, mais je ne veux pas qu’il soit un hebdo dogmatique où le parti pris politique prenne le pas sur l’analyse politique.

Enfin, ne voyez pas là une attaque personnelle contre l’un de vos journalistes, que je ne connais pas, et dont je peux, par ailleurs, apprécier d’autres articles.

F. Corgnac, Le Perreux (Val-de-Marne)

Votez Sarkozy…

Vous, le peuple français, avez résisté dans votre âme et votre esprit à quatre années d’occupation étrangère, de 1940 à 1944, mais vous succombez, sans même vous en rendre compte, petit à petit, à une puissance étrangère qui vient des États-Unis : la remise en cause de tout ce qui était géré par le gouvernement depuis la Libération, pour le bien-être du peuple français. La Sécu, les transports publics, la santé, l’éducation, les sources d’énergie et d’eau, les taux de rémunération minimale, les heures maximales de travail, etc., tout cela est de plus en plus remplacé par un régime qui incarne la négation de toutes ces valeurs humaines et morales, un régime où les seuls qui profitent des richesses produites par vous, les classes moyennes en particulier, sont les actionnaires des grosses entreprises et les plus grosses fortunes du pays.

Le porte-parole de ce régime, un de ses architectes, se présente comme candidat à l’élection présidentielle, afin de parachever en France ce qu’ont fait Reagan aux États-Unis et Thatcher en Angleterre dans les années 1980.

Alors, Français, si en plus vous voulez que votre coeur se transforme en portefeuille, au point de perdre votre âme et votre esprit, le 22 avril, votez Sarkozy…

Si vous pensez que les bénéfices des entreprises doivent aller dans les poches des actionnaires au lieu d’être utilisés pour entretenir la qualité de vie des citoyens de ce pays, le 22 avril, votez Sarkozy…

Si vous constatez qu’une scolarité gratuite et égale pour tous, que le droit à la santé et au logement, à un salaire minimum, à une durée maximale de travail, ainsi que le service public ne sont plus nécessaires à une société pour laquelle le but est de gagner le plus d’argent possible, le 22 avril, votez Sarkozy…

Si vous croyez que pour gagner le plus d’argent possible vous ne devez pas être encombrés de règlements, de lois et autres contraintes, le 22 avril, votez Sarkozy…

Si vous aspirez à davantage de répression en ce qui concerne la « racaille » des banlieues, les immigrés, ainsi que les grévistes et les manifestants, le 22 avril, votez Sarkozy…

Si vous êtes convaincus que, du fait de la mondialisation, le programme du Conseil national de la Résistance, incluant les droits établis dans le préambule de la Constitution de 1946, partie intégrante de la Constitution de 1958 actuellement en vigueur, est caduc, le 22 avril, votez Sarkozy…

Si vous sentez, en votre for intérieur, que les mots comme « solidarité », « égalité », « fraternité » sont ringards et dépassés, le 22 avril, votez Sarkozy…

William Peterson, Gère-Bélesten (Pyrénées-Atlantiques)

Courrier des lecteurs
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