Débats en Grande-Bretagne
dans l’hebdo N° 941 Acheter ce numéro
Le port du voile à l’école fait des vagues en Angleterre. Le 21 février, la Cour suprême de justice a avalisé la décision d’une école de refuser à une élève de douze ans de porter le niqab, qui couvre entièrement le visage à l’exception des yeux. Le même jour, le Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB), qui rassemble plus de 400 associations musulmanes, a publié un document demandant au gouvernement de permettre aux jeunes musulmans d’exprimer plus librement leurs pratiques religieuses. « Certaines écoles n’ont pas été réceptives aux revendications légitimes et raisonnables des parents et des enfants musulmans en relation avec leurs aspirations et leurs préoccupations dictées par leur foi » , précise ce texte. D’après le Conseil, les voeux des musulmans concernant les programmes d’éducation sexuelle, les vestiaires individuels, les temps de prière, les repas halal ou les leçons de sport ne sont pas suffisamment pris en compte. Il réclame, entre autres, la construction de salles de prières dans les écoles, que les filles soient autorisées à porter le hijab ou une robe islamique, que les garçons puissent se laisser pousser la barbe et n’aient pas à retirer leurs amulettes religieuses. Le ministère de l’Éducation a fait savoir que le document du MCB ne cadrait pas avec le code de conduite en vigueur dans les établissements.
Mais la politique du gouvernement de Tony Blair (dont le MCB est un interlocuteur privilégié depuis les attentats de juillet 2005 à Londres) dans les établissements publics n’est pas évidente, vu de France en tout cas. En Angleterre, la religion est un acteur incontournable de l’école publique. La tendance à en confier la gestion à différentes églises ou religions remonte au XIXe siècle. En septembre dernier, le Premier ministre a prévu de porter à cent le nombre d’écoles islamiques et de construire une école publique pour les sikhs près de Londres, et une autre pour les hindous à Harrow. Reste que 64 % des Britanniques se disaient opposés en 2005 au financement des écoles religieuses avec l’argent du contribuable.