La mondialisation heureuse

Rémy Artignan  • 15 mars 2007 abonné·es

Les Français seraient « rétifs et anxieux » face à la mondialisation, selon Christine Lagarde. Inquiète du « déficit de compréhension de la mondialisation de la part des Français » , la ministre déléguée au Commerce extérieur a lancé, en novembre dernier, deux brochures destinées à expliquer aux scolaires les aspects positifs du phénomène. Le Monde de Zoé , pour les élèves de primaire, et la Mondialisation , pour les collégiens, ont été distribués à 300 000 exemplaires dans les établissements. Élaborés avec des élèves de Sciences-Po, ces documents de 4 et 8 pages traduisent une vision idéalisée et mensongère du concept.

La mondialisation permet aux enfants africains d’être soignés avec le même sirop et de jouer au même jeu vidéo que Zoé, la petite Française, raconte-t-on aux petits. Elle favorise « la diffusion des nouvelles découvertes médicales ou agronomiques [et] la diversité culturelle » , explique-t-on aux collégiens. Les rédacteurs des brochures vont jusqu’à affirmer que le fait de posséder un iPod participe à « l’émergence d’une conscience planétaire sur les grands thèmes [que sont] l’environnement, la santé ou la pauvreté » . Ils font la part belle au rôle de la France, « nation de grands navigateurs et d’explorateurs », et à l’idéologie développementaliste (les pays émergents rattrapent leur retard…). Les collégiens doivent retenir que l’OMC établit des règles « valables pour tous, puissants et faibles » , et que Total, l’Oréal, Danone et Areva sont des « champions » à prendre en exemple… Quant à la petite Zoé, elle rêve que « partout dans le monde, grâce au progrès de la science, les hommes apprennent à mieux se connaître et que les idées de liberté d’égalité et de fraternité se répandent » . Pour l’heure, les réactions de la part des enseignants sont rares (hormis SUD Éducation). Peut-être parce qu’ils tiennent pour négligeables de tels outils « pédagogiques ». Reste que la vigilance demeure indispensable.

Société
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