Le travail ne paie plus

Pour la plupart des partis de gauche, la réduction du temps de travail est inéluctable parce qu’elle est un droit et une solution pour réduire le chômage.

Clotilde Monteiro  • 1 mars 2007 abonné·es

Si l’application généralisée des 35 heures ne fait pas consensus au sein du PS, celle-ci est une évidence pour le reste de la gauche. Pour José Bové et Olivier Besancenot, le partage du temps de travail est une urgence, si l’on veut, à terme, voir les (vrais) chiffres du chômage décroître.

Le candidat de la gauche unitaire rappelle que la réduction du temps de travail est le point fondateur du mouvement ouvrier : « C’est le combat qui a structuré ce mouvement depuis sa naissance. Les grandes manifestations ouvrières de Chicago, le 1er mai 1886, revendiquaient les quarante heures hebdomadaires. » Pour José Bové, comme pour le reste de la gauche de la gauche, cette notion des quarante heures est plus que révolue. « Le monde du travail s’est construit tout au long du XXe siècle autour des gains de productivité, qui ont permis d’envisager une réduction progressive du temps de travail. L’homme n’est pas fait pour se tuer à la tâche, la RTT est un droit fondamental pour les salariés. »

Olivier Besancenot abonde dans ce sens : « Il n’y a pas de raison de trimer plus longtemps. Il y a 5 millions de chômeurs qui attendent. On ne peut qu’être favorable à la réduction du temps de travail si celle-ci s’accompagne de la création d’emplois correspondants. » Pour le candidat de la LCR, « le discours de Nicolas Sarkozy sur les questions salariales est un gros coup de bluff ; avec lui, c’est le retour assuré à la case 39 heures sans augmentation des revenus. Les salariés travailleront plus longtemps pour le même salaire. » La gauche de la gauche ne voit dans la généralisation des 35 heures qu’une étape nécessaire pour arriver ensuite aux 32 heures hebdomadaires (voire 30 heures).

Un partage qui devra impérativement s’effectuer, selon Bové et Besancenot, en tenant compte des erreurs commises au moment de l’application des lois Aubry : « La RTT ne doit pas être accompagnée de flexibilisation ni d’annualisation du temps de travail mais conditionnée par les créations d’emplois qui en découleront », précise Olivier Besancenot. José Bové met en garde de son côté contre les dangers de la mise en place d’une RTT sans volonté politique « d’empêcher les discriminations de salaires », « on ne pourra pas accepter que cette réduction soit une fois encore un prétexte pour imposer la flexibilité aux salariés ».

Dans le programme du PCF défendu par Marie-George Buffet, la réduction du temps de travail « demeure un enjeu pour vivre mieux et pour l’emploi ». Il prévoit noir sur blanc l’abrogation des lois Fillon et la réforme des lois Aubry pour que « les 35 heures deviennent un droit pour tous et créent des emplois ». Dominique Voynet, la candidate des Verts, prévoit également une relance de la réduction du temps de travail sous des formes diverses et négociées : « généralisation des 35 heures aux petites entreprises, 1 600 heures annuelles, congés de formation, retraite progressive et semaine de 4 jours »…

Un projet de société peu ou pas partagé à droite. L’UMP autant que l’UDF prévoient de vider la loi sur la RTT de sa substance. Nicolas Sarkozy considère que « la seule idée inexportable, c’est celle des 35 heures », tandis que les propositions de François Bayrou visent, en effet, à « casser la logique infernale de la réduction du temps de travail », expliquent ses proches [^2].

[^2]: Le Figaro du 11 février 2005.

Société
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