Les contradictions du Président colombien

Rémy Artignan  • 1 mars 2007 abonné·es

Le 5e anniversaire de détention d’Ingrid Betancourt a été l’occasion d’entendre tout et son contraire à propos de l’évolution des rapports entre les Farc et le Président colombien, Alvaro Uribe. Par la voix du numéro deux de la guérilla marxiste (17 000 hommes, détenant plus de 1 000 otages), les révolutionnaires ont vivement critiqué l’attitude du Président, qu’ils jugent « prisonnier du délire de sauver les otages par le feu et par le sang » . Le chef de l’État donnait malgré lui raison à ces accusations en annonçant, quelques jours avant leur publication, le durcissement de l’offensive contre les Farc. Pourtant, le 23 février, alors que la famille et les soutiens de l’otage franco-colombienne multiplient les appels à un échange libérateur, Alvaro Uribe se déclare prêt à rencontrer lui-même les responsables de la guérilla.

Des propos en contradiction avec son habituelle intransigeance. Plusieurs membres de la famille d’Ingrid Betancourt avouent d’ailleurs ne plus croire à ses déclarations. Sa crédibilité est largement entamée, le même jour, par les propos d’un des médiateurs du gouvernement, Carlos Lozano, qualifiant le mystérieux émissaire du Président, censé avoir dialogué avec les Farc, de « fantôme inventé par le gouvernement » . Furieux, le Président réplique sur les ondes d’une radio privée, en s’appuyant sur le soutien du directeur de l’information de cette même radio, qui confirme avoir rencontré l’émissaire anonyme. Un anniversaire marqué par la confusion, l’attentisme et les effets d’annonce, le tout dans un climat de corruption, qu’Ingrid Betancourt avait elle-même dénoncé avec éclat lors de sa campagne à l’élection présidentielle colombienne de 2002.

Monde
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