Lhomme contre l’atome
dans l’hebdo N° 944 Acheter ce numéro
Stéphane Lhomme. AFP/Marco Longari
Près de 60 000 personnes ont manifesté samedi 17 mars, selon le réseau Sortir du nucléaire, dans les rues de Lille, Lyon, Strasbourg, Toulouse et Rennes (la plus grosse affluence) pour exiger l’abandon de l’EPR, le nouveau prototype de réacteur en construction à Flamanville (Manche). Un indéniable succès, alors que le sujet n’apparaît pas comme une priorité pour les candidats à la présidentielle. François Bayrou a même viré de bord, se montrant désormais favorable à la « réouverture du débat » sur l’EPR (comme Ségolène Royal). « C’est une mobilisation historique, comparable aux manifestations antinucléaires des années 1970 » , s’est félicité Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire, très impliqué dans la réussite de cette journée.
Coïncidence de calendrier, ce dernier était présenté à la justice, mercredi 21 mars, à la suite d’hypothétiques « violences », le 27 octobre dernier, envers un procureur qui entendait le déloger d’un échafaudage devant le palais de justice de Bordeaux. Il protestait avec d’autres militants contre l’inertie de la justice, qui n’a toujours rien fait de la plainte déposée depuis 2003 par l’association Tchernoblaye dont Stéphane Lhomme est militant , pour défaut d’autorisation de fonctionnement, pendant six mois, de la centrale nucléaire du Blayais.
Devenu une bête noire de l’industrie de l’atome, il n’a pas hésité à s’exposer en de multiples circonstances. En septembre 2003, il se plante sur la voie en gare de Bordeaux pour empêcher le départ d’un train de déchets nucléaires. En mai 2006, 20 policiers débarquent chez lui pour perquisitionner, enlevant ordinateur, téléphone mobile et documents dans la perspective d’une présentation devant la section antiterroriste ! Le délit : il avait divulgué, lors du débat sur l’EPR mené six mois auparavant par la Commission nationale du débat public, un rapport confidentiel démontrant que les réacteurs français ne résisteraient pas à la chute d’un avion de ligne. Stéphane Lhomme s’est aussi distingué à Bordeaux pour avoir orchestré l’annulation de l’arrêté « anti-SDF » pris en 2001 par Alain Juppé, maire de la ville, et par la bataille, gagnée, pour faire reloger ses élèves gitans (il est instituteur), presque tous atteints de saturnisme, maladie grave due au plomb et typique d’habitats insalubres.