Proche-orient : Bové en flèche, Royal prudente
Les responsables de la Plate-forme des ONG pour la Palestine s’apprêtent à rendre publiques les réponses des candidats à leurs questions*. Extraits.
dans l’hebdo N° 947 Acheter ce numéro
Pas de grande surprise du côté de José Bové, mais une fidélité à des principes et une cohérence intellectuelle. Le candidat altermondialiste se prononce sans ambages pour « la reconnaissance officielle de l’État de Palestine ». Il appelle à « la réunion immédiate d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU pour garantir la création d’un État palestinien indépendant et viable dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale ». Précis, il exige « la libération immédiate de l’ensemble des prisonniers politiques et d’opinion » , la traduction devant les tribunaux « des acteurs de violations du droit international », « la levée des sanctions prises à l’égard du peuple palestinien et de ses institutions », « la rupture ou une renégociation du contrat des entreprises Alstom et Véolia, qui participent à la construction et à l’exploitation d’une ligne de tramways desservant les colonies installées à Jérusalem-Est ».
José Bové se prononce pour « la suspension des accords d’association aussi bien économiques que militaires avec Israël, en vertu de l’article 2 de l’accord d’association entre Union européenne et Israël » qui stipule que les relations entre les deux parties se fondent sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques.
Moins prolixe, Marie-George Buffet rappelle qu’ « il ne suffit pas de s’appuyer sur les résolutions pertinentes [de l’ONU, NDLR], il est aussi indispensable de rappeler les principes à partir desquels ces résolutions doivent être appliquées, en particulier l’illégalité de la colonisation et l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force. » Elle met en garde contre le risque d’entériner des situations créées par la force. Ainsi, « le droit au retour des réfugiés doit être reconnu » , et « il serait inacceptable que le sort de Jérusalem-est soit « préempté » par les faits accomplis de la colonisation et du mur d’annexion ».
Jugeant la négociation inséparable de la fermeté, Marie-George Buffet envisage deux mesures : « l’envoi d’une force internationale et l’imposition de certaines sanctions comme l’interdiction de ventes d’armes à Israël ou la suspension de l’accord d’association UE/Israël ».
Avec plus de retenue, Dominique Voynet adhère, elle aussi, à ces principes : respect du droit international, création d’un État palestinien, rétablissement de l’aide financière européenne à l’Autorité palestinienne, libération des prisonniers politiques, interdiction de la construction du tramway… C’est dans les moyens qu’elle se distingue. La France « n’ira pas , dit-elle *, jusqu’à suspendre l’accord d’association. »*
Quant à Ségolène Royal, elle proposera « à nos partenaires européens une initiative pour une Conférence internationale de paix et de sécurité ». Mais, concernant le tramway , elle estime qu’ « on ne peut pas considérer que les coopérations économiques entre les entreprises françaises et Israël soient destinées à renforcer ou à légitimer les colonies israéliennes dans les Territoires occupés ». Évoquant une éventuelle suspension de l’accord d’association avec Israël, elle note que « la question est effectivement posée au sein des instances européennes à l’initiative du groupe socialiste. La France ne s’opposerait évidemment pas à un consensus qui apparaîtrait dans ce sens. » Le contraire eut été un comble .
En revanche, la candidate socialiste se prononce nettement pour le « rétablissement » de l’aide aux Palestiniens. Elle n’écarte pas l’idée de « l’envoi d’une force de protection et d’interposition entre Israël et les Palestiniens ». Enfin, principale audace, elle « souhaite » qu’Israël ratifie le Traité de non-prolifération nucléaire, ce qui « permettra à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA) d’inspecter ses installations nucléaires » . La candidate en profite pour opérer un tournant discret et bienvenu à propos de l’Iran : elle dit souhaiter que ce pays n’accède pas au… « nucléaire militaire ». Et non plus « civil », comme elle l’affirmait il y a peu encore. Mardi, quatre candidats faisaient encore attendre leurs réponses…