Le puits sans fond de Tchernobyl

Claude-Marie Vadrot  • 3 mai 2007 abonné·es

Les accords sur la construction du nouveau sarcophage de béton destiné à isoler définitivement les débris du réacteur accidenté sont sur le point d’être signés : voici ce qu’assurèrent à la presse à Kiev, en 2006, les officiels et les officieux ainsi que les industriels français réunis au ministère des Situations d’urgence, à la centrale et dans les salons de l’ambassade de France pour les 20 ans de la catastrophe de Tchernobyl. Annoncée depuis 1992, la construction de ce sarcophage devait commencer courant 2007. Vingt et un ans après la catastrophe du 26 avril 1986, aucune décision n’a encore été prise. À l’époque, il était clair que tout restait suspendu au versement discret d’une série « d’incitations financières » à quelques décideurs ukrainiens. Que les montants aient été insuffisants ou des destinataires oubliés, le résultat est le même. Lesarcophage va continuer, probablement encore longtemps, à laisser filtrer une radioactivité résiduelle qui empoisonne toujours l’Ukraine, la Biélorussie et l’ouest de la Russie, sans oublier le reste de l’Europe. Et sur l’une des faces du sarcophage, les fissures s’agrandissent. L’effondrement de l’édifice est plus plausible que jamais. Les fuites sont telles que le séjour sur site des techniciens et des ouvriers chargés de l’entretien a même été réduit par les responsables ukrainiens, généralement peu soucieux de la santé de leurs salariés.

Mais voilà, l’urgent, en Occident comme en Ukraine, c’est d’oublier. En Ukraine, la campagne électorale, qui vient d’être repoussée au mois de juin, s’efforcera soigneusement de mettre de côté la question de Tchernobyl. En faisant notamment l’impasse sur les malades irradiés, qui viennent, comme en Russie, de voir leurs pensions diminuer. Ce qui n’empêche pas les autorités ukrainiennes d’engranger les unes après les autres des « subventions » venues de l’Europe, qui s’engouffrent ainsi dans une sorte de tonneau des Danaïdes. Sur ce point, le président issu de la « révolution Orange» n’aura pas été meilleur que ses prédécesseurs.

Écologie
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