« Une urgence citoyenne »

Douze associations de l’action sociale et solidaire expliquent à « Politis » pourquoi elles ne veulent pas de Nicolas Sarkozy comme président de la République. Tous les aspects de la société sont concernés.

Jean-Baptiste Quiot  • 3 mai 2007 abonné·es
« Une urgence citoyenne »

Voter le 6 mai contre le candidat qui veut confisquer les libertés, réduire l’égalité aux privilèges de quelques-uns et la fraternité aux plus forts est une urgence citoyenne. » Ces mots de Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme, résument avec gravité le sentiment de nombreux responsables associatifs. Et leur souhait : ne pas voir Nicolas Sarkozy accéder à la présidence de la République. C’est cette « urgence citoyenne » que la rédaction de Politis , à quatre jours du scrutin, relaye dans ce dossier. Mesurer le danger de la victoire d’une droite ultralibérale est le devoir de tous aujourd’hui. Y compris de ceux qui n’adhéraient pas au « pacte présidentiel » de Ségolène Royal. Nous donnons ici la parole à douze associations engagées sur tous les fronts de l’action sociale et solidaire et, par-dessus tout, attachées aux libertés fondamentales. Une urgence qui s’explique par un programme dit de « rupture » , qui s’apparente davantage à une destruction de la société française dans tous ses aspects. Rien n’y échappe : libertés publiques, santé, travail, immigration, fiscalité, justice, démocratie, banlieues, logements, prisons, enfance, culture. Un candidat qui fait feu de tout bois pour réaliser son « rêve » d’une France libéralisée à l’américaine. Mais les prémices de ce cauchemar se trouvent dans le bilan des gouvernements en place depuis cinq ans, auxquels le candidat UMP a fortement contribué.

Illustration - « Une urgence citoyenne »


Meeting de soutien à Berlusconi, le 30 mars 2006 à Rome. AFP/Alberto Pizzoli

Le Groupe d’information et de soutien des immigrés, qui condamne la politique de « l’immigration choisie » , ou le Syndicat de la magistrature, qui rappelle « les attaques brutales contre les juges » de l’ex-ministre de l’Intérieur, ne s’y trompent pas. Pas plus que la Zone d’écologie populaire, qui fustige « le pyromane des banlieues » , ou Ban public, l’association pour une meilleure communication sur les problèmes de la détention, qui dénonce la « supercherie » de « laisser croire qu’une politique répressive est la garantie de la sécurité » . Quant au Réseau éducation sans frontières, qui a dû rester mobilisé jusqu’aux derniers jours de la campagne, il s’insurge contre les lois « liberticides et inhumaines » que Nicolas Sarkozy a fait voter.

Économies, réductions, suppressions sont les antiennes du programme de Nicolas Sarkozy. Plusieurs associations le soulignent : le Syndicat de la médecine générale estime que « l’accès aux soins pour tous [sera] en péril » , Agir contre le chômage y voit édictée « la précarité comme norme » , le Syndicat national unifié des impôts dénonce la proposition qui « vise à supprimer (ou à fortement diminuer) les droits de succession » , la Coordination des intermittents du spectacle et des précaires d’Île-de-France, la volonté « de réduire le nombre d’intermittents » , et la Confédération sociale du logement redoute une « diminution de la construction sociale » déjà bien amorcée. Enfin, la Fondation Copernic met en avant cette mesure qui irait contre le résultat démocratique du scrutin du 29 mai 2005 : « Le traité constitutionnel européen sera soumis à ratification parlementaire. »

La somme de toutes ces alarmes face au danger que représente Nicolas Sarkozy, ce Berlusconi à la française en ce qui concerne le contrôle des médias, est impressionnante. Ajoutons-en une dernière, qui concerne l’ensemble de ces associations : avec l’ex-ministre de l’Intérieur à l’Élysée, le militantisme ne serait-il pas bientôt hors la loi ?

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