«~Il faut une prise en charge globale~»
dans l’hebdo N° 956 Acheter ce numéro
Les origines de l’autisme ont suscité des controverses. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Jean-Jacques Poncelet: L’autisme est toujours au coeur d’un grand débat. Mais on ne peut le réduire à une origine purement génétique ou à de simples carences relationnelles avec les parents. Sa source est multifactorielle : elle est le fruit d’une défaillance des interactions entre ce qui relève de la neurobiologie, de la neurogénétique, et ce qui provient de déficits de l’environnement. L’essentiel reste que l’enfant présentant des traits autistiques plus ou moins importants est dans l’incapacité d’établir des liens avec le monde extérieur, avec les autres.
Si les interactions sont impossibles, comment dès lors établir le contact ?
Il faut une prise en charge globale de l’enfant. Nous travaillons à redéployer à la fois ses capacités d’interaction et ses capacités cognitives, comme le langage. Nous essayons de recréer avec lui les étapes des processus d’individuation. Dans une approche éducative, nous utilisons donc des objets de médiation comme la peinture, la sculpture… Parallèlement, dans une approche psychothérapique, nous aidons l’enfant à se constituer une enveloppe psychique.
Beaucoup de parents dénoncent un manque de prise en charge, de moyens…
Travailler avec les autistes nécessite du temps et une approche complexe, car la prise en charge est longue, et les fréquences de consultation sont importantes. Même si les structures d’accueil sont souvent en déficit de personnel, dire qu’en France on ne s’occupe pas des autistes est très exagéré ! Les structures au sein desquelles je travaille bénéficient d’équipements importants.
Que deviennent les autistes une fois qu’ils grandissent ?
Contrairement aux enfants, les adultes autistes ne bénéficient pas de structures spécialisées. S’ils n’ont pas acquis suffisamment d’indépendance sociale, ils sont placés dans les Maisons d’action sociale, ou parfois dans les hôpitaux psychiatriques. On ne peut pas réellement guérir de l’autisme. Il s’agit plutôt de permettre aux malades de vivre.