La banlieue par ses acteurs
dans l’hebdo N° 958 Acheter ce numéro
Bilan en demi-teinte pour le premier Forum social des quartiers populaires, qui s’est déroulé du 22 au 24 juin à Saint-Denis. Regroupant une trentaine d’associations, dont le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), Divercité et les Motivé(e)s, et plusieurs centaines de personnes, cet événement a souligné les difficultés d’une alliance entre les différentes organisations qui agissent sur le terrain. Il a cependant permis d’impulser une dynamique originale de réappropriation de la question des banlieues par leurs acteurs. « On fait le travail que tout le monde dit faire, mais que personne ne fait. On se lève pour défendre les quartiers parce que personne ne le fera à notre place et qu’il y a urgence » , affirme Kaïssa Titous, ancienne animatrice de la Marche des Beurs de 1983 et ex-membre de la direction nationale de SOS-Racisme.
Les grands thèmes abordés, police-justice-prison, apartheid urbain, éducation, travail-précarité, immigration et liberté de circulation, font consensus. La divergence principale émerge lors du débat sur l’engagement politique. Si certains affichent clairement leur volonté de créer un mouvement politique commun en vue des élections municipales de 2008, d’autres craignent les dérives de l’implication institutionnelle. Tarek Kawtari, cofondateur du MIB, précise : « Nous n’avons pas l’intention de créer un parti politique. L’important est de veiller à l’indépendance des différentes initiatives. Des participants expriment la volonté de créer un mouvement à mi-chemin entre l’association et le parti. Il est effectivement question de présenter des listes aux municipales, mais cela ne sera tranché qu’à la rentrée prochaine. L’important est que ce forum ait amorcé le débat, c’est une touche d’espoir dans un climat de désespoir. »
Le caractère inédit du rassemblement, ajouté à sa structure «~horizontale~», a rendu difficile la prise de décisions concrètes. Des dates ont été fixées pour de nouvelles rencontres. Le défi demeure à la hauteur de l’énergie déployée par les organisateurs…