La Turquie sous tension
dans l’hebdo N° 958 Acheter ce numéro
Quel coup prépare l’armée turque à la veille des législatives du 22 juillet ? Ce scrutin a été organisé trois mois avant l’échéance normale pour décanter la situation après le blocage de la présidentielle de mai par l’armée, qui refusait de voir arriver à la tête de l’État un membre du parti islamique au pouvoir, l’AKP. Or, le Président actuel, Ahmet Necdet Sezer, soutenu par les militaires, a stoppé net la réforme de l’élection présidentielle préparée par le gouvernement pour y appliquer le suffrage universel et l’organiser en même temps que les législatives.
« Comme l’AKP risque d’obtenir la majorité, le gouvernement promet d’être ingérable, explique un observateur averti. La tension restera explosive, jusqu’à une nouvelle intervention possible de l’armée, bien entendu dans un esprit « post-moderne » : par exemple, elle saura bien provoquer l’insécurité au Kurdistan, peut-être en passant la frontière de l’Irak, et maintenir ainsi son influence à Ankara pour raisons de sécurité. » Par ailleurs, sur son site Internet, l’état-major a directement accusé les ONG de défense des droits de l’homme de se servir des concepts de paix et de démocratie pour soutenir les organisations terroristes. Il les désigne ainsi aux ultranationalistes qui, déjà, les harcèlent et menacent de mort leurs responsables. C’est après un scénario similaire qu’a été assassiné, le 19 janvier, le journaliste Hrant Dink.