Le G8 volontariste face à la crise
dans l’hebdo N° 955 Acheter ce numéro
Jamais le G8, club des huit pays les plus riches de la planète et les plus pollueurs, par habitant , n’avait pris autant au sérieux la crise climatique. Les rapports scientifiques et économiques y sont pour beaucoup. Mais aussi la volonté de l’Allemagne, qui accueille cette année le sommet à Heiligendamm (6-8 juin), bien décidée à sortir des « compromis mous ». Appuyée par la Grande-Bretagne et par la France premier test « écolo » international pour le tandem Sarkozy-Juppé , elle sera porte-étendard d’une Union européenne plus volontariste que jamais, affichant l’objectif d’une réduction de 30 % des gaz à effets de serre (GES) à l’horizon 2020.
Intérêt du sommet : les États-Unis, face à leurs « pairs », devront se départir de leur coutumière obstruction sur le sujet. Bush a ainsi présenté son « plan international » : définir d’ici à fin 2008 avec les gros producteurs de GES dont la Chine et l’Inde un « objectif global à long terme » de réduction. Si l’ère du déni semble « oubliée », après leur bruyante sortie du Protocole de Kyoto en 2001, les États-Unis affirment une stratégie radicalement opposée à celle de l’Union européenne, qui veut une adhésion à des plafonds chiffrés (par pays), et les Nations unies comme cadre des négociations.
Signe supplémentaire d’attention pour ce G8, la Chine, dont le président Hu Jintao est invité à Heiligendamm, vient aussi de présenter son plan antiréchauffement. Pas de surprise, il y est surtout question de préserver ses objectifs de développement économique. Et de rejeter par avance le titre de nouveau « pays le plus émetteur de CO2 de la planète », qui lui est promis sous peu, mais au prix d’un escamotage qui arrange bien les États-Unis, détrônés : un Chinois émet toujours près de 5 fois moins qu’un Étasunien, imbattable avec 20 tonnes de CO2 par an.
Heiligendamm, où devait être confirmé le consensus sur l’objectif de limiter la hausse des températures à 2 °C, sera ainsi la première grande revue d’effectifs de l’ère de grandes manoeuvres qui est engagée. En vue, la conférence annuelle des Nations unies sur le dérèglement climatique à Bali, à la fin de l’année, pour lancer enfin de vraies négociations sur la suite du Protocole de Kyoto.