L’école à la carte ?
dans l’hebdo N° 955 Acheter ce numéro
C’est au nom de la liberté de choisir son établissement que Xavier Darcos, nouveau ministre de l’Éducation, se prépare à supprimer la carte scolaire. « Progressivement » , a-t-il précisé pour rassurer ceux qui redoutent une vraie pagaille à la rentrée de septembre. Déjà, les demandes pleuvent sur les lycées les plus prisés. « Derrière le discours sur la liberté de choix, se dissimule un discours moins noble, qui révèle un désir d’éviter que ses enfants fréquentent la même école que des enfants défavorisés », s’est insurgé Faride Hamana, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), réunie en congrès à Montpellier le 26 mai. « Fausse liberté » , a renchéri Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, principale fédération de l’Éducation. Selon lui, la désectorisation totale ne profitera pas aux familles les plus en difficulté, qui « ne bougeront pas, à cause des difficultés de transport et d’un manque de moyens » .
Créée voici quarante ans, « dans une France qui n’a plus grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui », a précisé le ministre, la carte scolaire serait aujourd’hui contournée par environ 10 % des familles, souvent favorisées. Selon un sondage CSA-Cisco, 72 % des Français seraient favorables à sa suppression. Mais cela pourrait entraîner la désertion des établissements à « mauvaise réputation », au détriment d’une amélioration de leurs conditions. D’un côté l’élite, de l’autre les ghettos ? Faride Hamana craint aussi que le nouveau système entraîne « la possibilité d’être librement choisi par le chef d’établissement » . Pour lui, c’est « la voie ouverte au règne de l’arbitraire » . Xavier Darcos, qui se défend de vouloir « installer un grand marché libéral de l’école » et considère que « l’égalité des chances passe par une redéfinition de nos instruments de mixité sociale », a annoncé que seraient privilégiés les « élèves boursiers » et « les boursiers au mérite » . Bon an, mal an, la suppression de la carte scolaire est entamée. Elle devrait prendre trois ans. Va-t-elle compenser les inégalités ou plutôt les accroître ? Réponse dès la rentrée.