Plateau réchauffé

La dernière soirée électorale, pleine de lassitude, a vu la rupture d’un couple évincer le débat politique.

Jean-Claude Renard  • 21 juin 2007 abonné·es

Claire Chazal et Poivre d’Arvor sur TF 1, Élise Lucet et David Pujadas sur France 2, Audrey Pulvar sur France 3. On prend les mêmes et on recommence. Dès 18 h 50, les principales chaînes ont pris l’antenne le 17 juin pour ce qui allait être la der des der, cette année, des soirées électorales en direct. Voilà qui sentait le réchauffé, sinon la lassitude. Au reste, au soir du premier tour de ces législatives, dimanche 10 juin, TF 1 avait coupé plus court que prévu, comme au premier tour de la présidentielle, plus d’une heure avant ce qu’elle avait annoncé. Cette fois, la chaîne la plus regardée a d’emblée affiché le programme~: deux heures et demie d’antenne, et place aux séries américaines, dont l’audimat est plus sûr. À la quatrième soirée, il y a comme un goût de carottes cuites.

Pendant plus d’une heure, chaque chaîne scande le taux de participation, toujours faible, et décline les enjeux dans telle ou telle circonscription. «~Une soirée particulièrement intéressante~», prévient Pujadas peu avant 19 h 30. Sur TF1, à 19 h 50, «~Marie-George Buffet a le sourire, observe Poivre d’Arvor, mais je ne peux pas en dire davantage~». Loi de 20 heures oblige [^2]. Autour de Buffet, sur TF 1, Sarnez, Hortefeux, Bertrand, Dati et Delanoë. Sur France 2, Guigou, Borloo, Cavada, Pécresse. Le match peut commencer. À 19 h 28, Pujadas évoque «~l’avenir incertain de Juppé à Bordeaux~»

Quand les résultats tombent, Dati mentionne fièrement «~une majorité claire~», quand PPDA lui oppose la TVA sociale. Jack Lang, en direct de Boulogne-sur-mer, souligne «~le sursaut de la gauche~» , et reconnaît «~souffrir des dissensions au sein du PS~», avant d’être brutalement coupé par Élise Lucet, sur France 2. Elle donne la parole à Pécresse, qui évoque «~un mandat pour l’action~». À 20 h 18, Ségolène Royal se lance dans un discours politique, qui semble d’abord calqué sur l’allocution du premier tour de la présidentielle, avant de boucler rapidement sur une revendication d’ «~audace~» . Bayrou suit, plus fringant que le dimanche précédent. Peu après, Delanoë tacle Xavier Bertrand sur la TVA sociale. Sans trop de mal. Ce sera au diapason de la soirée, où chaque candidat de la majorité a perdu son duel verbal. Mouchée par Anne Hidalgo, Rama Yade est secourue par Coppé~; Dati s’empêtre dans les tringles de la justice face à Élisabeth Guigou. Incapable d’en placer une, Hortefeux décanille du plateau de TF 1 pour aller sur France 2, ravi «~d’entamer un mouvement d’action~» . À 21 heures, DSK, en direct de Sarcelles, paraît sous Lexomyl. Toujours pas de nouvelles d’Alain Juppé. À 21 h 06, France 3 avance un chiffre autour de 48~% pour le cycliste bordelais débarqué de Montréal.

Vingt-cinq minutes plus tard, quand TF 1 a déjà rendu l’antenne pour New York, section criminelle , il annonce lui-même sa démission du gouvernement. C’est le moment que choisit Montebourg pour se relâcher, façon Sarkozy au G8. «~Le temps des éléphants est révolu, voici venir le temps des lions.~» Il n’empêche, Mélenchon n’est pas dupe de la défaite. Juste, il «~respire un peu mieux~».

À 22 h 10, petite bombe médiatique~: la séparation officielle de Royal et Hollande. De quoi remuer les QG de campagne. Il n’y a guère alors que Mélenchon pour estimer «~cette annonce mal à propos, non politique mais privée, et précisément au détriment du discours politique~» . À 22~h~20, les caméras de France 3 filment une Maison de la chimie, siège de l’UMP, totalement vidée, mécontente de la TVA sociale de Borloo. Décidément, d’un côté comme de l’autre, les carottes étaient trop cuites.

[^2]: Il n’empêche, ce dimanche 17 juin, dans son journal de 7 heures, France Inter annonçait trois élections socialistes dans les circonscriptions d’Outre-mer, dont l’une en ballottage nettement défavorable. Cela sonnait comme une prévision. L’info a disparu dans les journaux suivants.

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