Verdir le parti socialiste

Thierry Jaccaud  • 7 juin 2007 abonné·es

Les électeurs ont choisi un président. Ils vont choisir des députés les 10 et 17 juin~: tout reste possible. Et si le PS verdissait réellement son programme pour les législatives~? Bien sûr, les propositions de Ségolène Royal d’annuler le décret d’autorisation de l’EPR et d’instaurer un moratoire sur les cultures commerciales d’OGM sont des mesures fortes. Mais l’on voudrait être certain qu’il ne s’agit pas seulement d’organiser un bref «~débat participatif~» alibi avant de reprendre la fuite en avant ! Rappelons ce triste épisode du débat de l’entre-deux tours entre les deux finalistes de l’élection présidentielle au sujet du nucléaire : Ségolène Royal s’est affirmée contre l’EPR ­ ce réacteur de troisième génération destiné à remplacer les centrales actuelles ­, mais en faveur d’un passage direct à… la quatrième génération de réacteurs~! Ce tour de passe-passe est insupportable. Aura-t-on droit à la même pirouette sur les OGM~: contre la deuxième génération… pour passer directement à la troisième~?

La proposition n° 66 du «~pacte présidentiel~» de Ségolène Royal propose un moratoire sur les OGM «~dans l’attente des résultats d’un grand débat public qui définira la politique à mettre en oeuvre pour ne pas handicaper les cultures conventionnelles et préserver le développement de l’agriculture biologique~» . À strictement parler, on ne peut avoir aucun développement de la bio si les OGM sont autorisés. Mais ce n’est pas l’interprétation de la candidate elle-même. Ainsi, par exemple, dans le livre Maintenant (Hachette, 2007), où elle est interrogée sur les OGM par Marie-Françoise Colombani, elle précise : «~Je suis farouchement attachée à la liberté de la recherche~» (sur n’importe quel sujet~?), puis, sur la sécurité sanitaire des OGM~: «~La recherche n’a pas dit son dernier mot.~» Avant de conclure~: «~Je suis décidée à interdire les essais d’OGM en plein champ tant qu’on n’y verra pas plus clair~»~! Il est malheureusement clair que la présidente de la région Poitou-Charentes n’est pas opposée au principe même des OGM et souhaite simplement aller plus lentement. Tout en manifestant une faible connaissance du sujet.

Ainsi, elle souhaite «~transcrire dans notre droit le principe de précaution~». Mais cela a déjà été fait, le 28 février 2005, par une réforme de la Constitution elle-même~! Il ne reste donc plus qu’à prendre de vraies décisions en application de ce fameux principe ou, beaucoup mieux, au nom de choix de société. Une société décentralisée, donc sans nucléaire. Une souveraineté alimentaire, une agriculture biologique et paysanne, donc sans OGM. L’antisarkozysme n’est pas un programme. Il reste encore quelques jours au PS pour en élaborer un. Sans faux-semblants.

Écologie
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