Corails en voie de disparition
dans l’hebdo N° 959 Acheter ce numéro
Depuis que le TGV-Est est sur les rails, l’offre de service public déraille. Inaugurée le 10 juin, cette nouvelle ligne qui relie Paris à l’Allemagne à grande vitesse frise les 100 % de remplissage, avec 500 000 passagers les seize premiers jours d’exploitation. Du jamais vu. Sauf que ce succès a un prix. Non seulement les tarifs Alsace-Paris ont doublé (promotions exceptées), réservant ainsi ce nouveau service à la clientèle professionnelle habituée à prendre l’avion, dénonce l’Association des usagers des transports urbains de l’agglomération strasbourgeoise (Astus), mais les lignes Corail ont été supprimées. Ce qui veut dire des dessertes en moins pour des villes comme Metz ou Mulhouse. « L’amélioration de certains services ne doit pas se faire au détriment des autres » , a pourtant déclaré François Fillon le 10 juin. Une manière d’ignorer la logique de rentabilité au nom de laquelle la SNCF supprime des lignes chaque année. Les usagers réguliers sont pénalisés, contraints de se rabattre sur le car ou l’automobile. Et les voitures régionales de remplacement sont engorgées, notamment pendant les périodes de vacances. Exemple frappant : la suppression de la ligne Paris-Rodez. Depuis décembre, le train Théos venant de Paris s’arrête à Brive, où les voyageurs se serrent dans quelques voitures desservant dix petites villes jusqu’à Rodez. « Dans ses calculs sur cette ligne, la SNCF ne prend en compte que les voyageurs au départ de Rodez ou de Paris et non ceux qui montent sur le trajet » , s’insurge Christophe Schimmel. Selon l’Association de défense de la gare d’Assier, qu’il préside, le taux de remplissage du tronçon Brive-Rodez atteint 180 % en juillet. Et le Paris-Rodez de nuit est également menacé. Fond du problème : l’État se défausse sur les régions, lesquelles peinent à assumer la réfection des lignes. Idem dans le Cantal, la Creuse, le Limousin… Autres régions rurales, parents pauvres des services publics.