L’arbre qui cache la forêt…
dans l’hebdo N° 959 Acheter ce numéro
Reçu par Nicolas Sarkozy le 29 juin à l’Élysée, Mahmoud Abbas s’est félicité du « soutien clair » de la France à l’Autorité palestinienne. Le président français a déclaré : « Nous voulons votre réussite, vous êtes la garantie de la paix » , avant d’annoncer un don de 15 millions d’euros, directement à l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas a rappelé que les instances dirigeantes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont décidé « de ne pas entamer de dialogue avec les putschistes » du Hamas. Adhésion de la France à travers son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui affirme voir dans les « tristes événements » récents de Gaza et dans le rapprochement entre le Fatah et le gouvernement israélien une « occasion » pour la paix. Un « rapprochement » illustré par les « concessions » du gouvernement israélien, qui a annoncé, lors du sommet de Charm el-Cheikh, la libération de 250 prisonniers du Fatah et, dimanche, le premier versement des fonds gelés provenant des taxes collectées dans les territoires palestiniens.
« Une hypocrisie extraordinaire », selon Mustafa Barghouti, ancien ministre de l’Information du gouvernement palestinien. Celui qui a servi de médiateur entre le Fatah et le Hamas lors de la formation du gouvernement d’union nationale en novembre 2006 s’indigne : « Il ne faut pas laisser l’arbre cacher la forêt… Ce qui a abouti à la situation actuelle, c’est l’occupation, l’apartheid des territoires palestiniens et la non-reconnaissance du gouvernement d’union par la communauté internationale. Le gouvernement israélien a refusé les propositions de paix de la Ligue arabe, il a longtemps rejeté les négociations, y compris quand Mahmoud Abbas était seul au gouvernement. Aujourd’hui, il nous faudrait les remercier de libérer 250 prisonniers alors qu’ils en incarcèrent plus de 200 par mois ? Alors qu’il y a de plus en plus de check-points qui verrouillent nos territoires ? Alors qu’ils utilisent nos propres impôts pour nous faire chanter ? »
Les manoeuvres de conciliation d’Ehud Olmert ont pour résultat d’accentuer les divisions entre Palestiniens. Le réchauffement des rapports avec Israël et le soutien de la communauté internationale risquent, s’ils ne sont pas suivis d’effets concrets, de décrédibiliser encore un peu plus le camp de la négociation. Pour Mustafa Barghouti, la lutte inter-palestinienne actuelle ne sert au gouvernement israélien qu’à occulter le véritable enjeu : la fin de l’occupation.