Tout petit

Yasmina Reza a pris Nicolas Sarkozy comme modèle. Qui se ressemble…

Christophe Kantcheff  • 30 août 2007 abonné·es

Yasmina Reza est un « grand » écrivain. La preuve, elle n’oublie jamais de rappeler qu’elle est internationalement reconnue. Le président de la République, dont elle a choisi de tirer le portrait (il n’était que candidat alors), juge, quant à lui, la qualité des livres à leur chiffre de ventes. Ils étaient faits pour s’entendre.

Le « livre-événement » s’intitule l’Aube le soir ou la nuit . Ce n’est pas l’Aurore le crépuscule ou les ténèbres , mais c’est poétique quand même.

L’auteure présente son oeuvre comme un « portrait littéraire » , qu’elle caractérise avec précision et humilité~: « Les poètes ont le privilège d’obéir à des lois intempestives, qui ne requièrent ni logique ni suivi apparent. Ces lois servent une vérité que toute explication trahirait. De cette liberté, j’use ici. » Mais, dans un des hebdomadaires férus du « livre-événement » , elle dit~: « Moi, je ne cherche pas la vérité, qui dans mon travail n’existe pas en dehors de la perspective. » Donc une « vérité » ici, mais plus de « vérité » là~; des « lois intempestives » ici, mais la loi de la « perspective » là. C’est libre. C’est poétique.

Dans un « portrait littéraire ». il y a des phrases jolies et des pensées profondes~: «~Ce qui m’intéresse, c’est de contempler un homme qui veut concurrencer la fuite du temps.~» Ou encore~: «~À quoi pense-t-il, lui qui ne cesse d’agiter la vie~? » (La réponse se trouve quelques pages plus loin, le futur président interrogeant~: « Pourquoi penser~? » )

Yasmina Reza a approché son sujet avec « une vigilante raideur » et un regard qui « se défend de la séduction première » . Les photographies parues dans la presse célébrant le « livre-événement » confirment sa retenue (rigolades avec les futurs ministres, danse avec le futur président…). De même que cette phrase, en fin de volume~: « C’est souvent hors micro, hors caméra, livrant, sans y penser, la pleine mesure de sa liberté que je l’admire sans réserve. »

L’Aube le soir ou la nuit est un « portrait littéraire » , pas un nouvel avatar de la pipolisation de la politique, encore moins une opération de communication au service d’un président réactionnaire. La preuve, celui-ci y est souvent vu ­ question de « perspective » ­ tel un «~enfant~». Sarko, le «~tout-petit~». Il fallait un auteur comme Yasmina Reza pour se hisser à ce niveau.

Culture
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