De la Charte au grenier
dans l’hebdo N° 967 Acheter ce numéro
Souvenons-nous, c’était sous Jacques Chirac. Le Président avait lancé la démarche « Charte de l’environnement », que devait préparer une commission composée de 18 membres et présidée par le paléontologue Yves Coppens. Après huit mois d’un travail intensif, la commission Coppens rendait son rapport à Roselyne Bachelot, ministre de l’Écologie.
La concertation n’avait pas été toujours très sereine. Surtout autour du principe de précaution, combattu par plusieurs membres. Il avait été éliminé du texte à la fin de la dernière réunion, et ses défenseurs envisagèrent de démissionner. Pour éviter le clash, un compromis à deux variantes fut proposé. Le Président retint finalement celui qui incluait le principe de précaution. La démarche « Charte de l’environnement » était fort instructive, surtout par la confrontation des cultures des membres de la commission. Mais, au-delà, la Charte a essuyé de nombreuses critiques, notamment concernant son impact réel sur les problèmes concrets.
Quelques années plus tard, la situation environnementale n’a pas changé. Seule différence : l’environnement devient médiatique. La présidentielle en a été une belle démonstration, en partie grâce à Nicolas Hulot. Et voilà le gouvernement qui relance l’idée d’une négociation entre les composantes de la société, attirant de partout les ouvriers de la onzième heure. Ça s’appelle le Grenelle de l’environnement. Le principe est rodé : six groupes de travail devront formuler des propositions, dont une vingtaine seulement, rapidement applicables et présentant un « effet levier » sur les problèmes, seront retenues par le gouvernement.
L’effet levier, du temps de la Charte, c’était « l’effet cliquet ». Des expressions « mécaniciennes » qui nous rappellent que nous sommes en présence de la même majorité, des mêmes acteurs politiques de premier plan, et donc des mêmes recettes de communication. Jacques Chirac est le grand absent, mais Nicolas Hulot veille ! Que peut-il sortir de ce Grenelle ? Grand mystère.
Si l’on considère que les politiques environnementales interfèrent avec un grand nombre d’acteurs et que, de ce fait, elles sont socialement et économiquement longues et difficiles à mettre en oeuvre, on ne voit pas comment le Grenelle, lieu de l’éphémère, pourrait résoudre des problèmes à l’impact financier considérable. À moins, seul espoir ténu, que ce Grenelle ne soit enfin le lieu de la rupture fiscale. Vers une fiscalité réellement écologique, car c’est à cet endroit que réside l’ultime levier. Reste à trouver le point d’appui !