Des PV dans les roues

Patrick Piro  • 27 septembre 2007 abonné·es

De janvier à août, c’est une pluie de PV qui s’est abattue sur les cyclistes parisiens : 6 311 amendes contre seulement 2 579 pour l’année 2006. Avec l’entrée en service de Vélib’, le système de location de vélos en libre-service, le 15 juillet, 10 000 vélos supplémentaires sillonnent la voirie parisienne [^2]). Mais cette sévérité sans précédent à l’encontre de ces deux-roues, qui ne représentent pourtant que 2 % du trafic de la capitale, a été déclenchée dès le printemps, à la suite d’une instruction préfectorale.

Certes, aucune contestation sur la réalité des infractions et sur leur abondance : il est banal de voir des cyclistes griller les feux rouges, rouler à contresens ou sur les trottoirs. Tarif : 90 euros, 22 euros pour un coup de téléphone en pédalant. « Mais comment justifier une telle vague ? Une répression cyclophobe ? C’est la même chose à Bordeaux, en Alsace, etc. , s’inquiète Denis Baupin, adjoint Vert aux transports de la capitale, et l’un des artisans de Vélib’. Pourtant, malgré le doublement du nombre des vélos en circulation dans Paris depuis l’été, il n’y a aucune augmentation du taux d’accidents… » Une guérilla du préfet contre la politique des transports du maire alors ? « Mais c’est Bertrand Delanoë lui-même qui a souhaité ce durcissement policier ! Je possède une lettre où il la sollicite… , témoigne Denis Baupin. Je crains que cette tendance sécuritaire vise à se concilier une frange de l’électorat qui exige de la fermeté… »

À la préfecture de police, Roland Maucourant, en charge de la sécurité routière parisienne, confirme l’impatience de certains élus parisiens face à l’indiscipline routière. « Les cyclistes ont un sentiment de liberté, les sanctions visent à provoquer chez eux une prise de conscience, afin de les protéger contre eux-mêmes. 40 %des accidents les impliquant leursont imputables. »

Une approche dépassée, critiquent les associations de cyclistes et les Verts. « On cherche à enrégimenter le vélo dans un code de la route conçu pour les voitures, s’élève Denis Baupin. Nous plaidons pour un « code de la rue » intégrant pleinement ce mode de transport peu rapide, presque inoffensif et en expansion rapide. » Comme dans plusieurs pays étrangers, où des règles spécifiques simplifient lacirculation des vélos depuis des années.

[^2]: 5 millions de locations et 100 000 abonnements à l’année en seulement deux mois et demi.

Écologie
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