Torpillage…
dans l’hebdo N° 968 Acheter ce numéro
Fin 2002, l’administration Bush mit au point un plan de paix, connu sous le nom de « feuille de route », auquel il associa l’Union européenne, la Russie et les Nations unies (le « Quartette »). Ce plan prévoyait notamment la création d’un État palestinien au plus tard en 2005. Le 30 avril 2003, le détail de plan fut rendu public. La suite est connue : rien. Une initiative américaine pourtant destinée à faire contrepoids dans l’opinion du monde arabe au choc de l’invasion de l’Irak, était aussitôt enterrée. C’est qu’entre-temps le lobby, en étroite relation avec Ariel Sharon, s’était mis en mouvement. Officiellement, l’AIPAC, l’organisation la plus puissante du lobby, apporta son soutien à la feuille de route mais en soutenant en même temps une lettre du Congrès, préparée par 85 sénateurs et 283 représentants de l’AIPAC, demandant à George W. Bush de ne pas faire pression sur Israël, et d’exiger des Palestiniens qu’ils réalisent toutes les conditions de la feuille de route avant la moindre concession d’Israël. Or, toute la philosophie du plan résidait précisément dans la simultanéité des conditions pour les deux parties. La méthode de l’AIPAC n’est pas sans rappeler celle d’Ariel Sharon, qui, lui aussi, « approuva » la feuille de route pour mieux s’y opposer. Israël a ainsi pu continuer à coloniser sans jamais s’opposer officiellement au plan de paix.
Plusieurs fois, la diplomatie américaine a dû ainsi faire volte-face, notamment pendant que Colin Powell ou Condoleezza Rice étaient en tournée au Proche-Orient. Leurs modestes efforts ont été torpillés dans leur dos.