Un plan sans budget !

La désertification progresse partout dans le monde, mais les gouvernements stagnent, incapables de passer véritablement à l’action.

Patrick Piro  • 20 septembre 2007 abonné·es

C’est un échec, mais il y a des progrès ! Voilà la conclusion de la 8e conférence des 191 pays signataires de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification, qui s’est achevée samedi à Madrid. Une fois de plus, les délégués ont butté contre la question clé : l’argent. Ils sont bien parvenus à se mettre d’accord sur un « plan stratégique » pour dix ans, mais pas sur les moyens de le financer : le Japon et les États-Unis ont refusé in extremis une minuscule augmentation de 5 % du budget d’action, déjà cinq fois moins important que celui consacré à la lutte contre le dérèglement climatique. Autant dire que le plan risque fort de rester dans un tiroir.

La désertification ­ une dégradation des sols et une perte de fertilité dans les régions arides, pour cause d’intensification des cultures et du pâturage, ou de déforestation ­ reste donc la grande oubliée des trois conventions signées au Sommet de la terre de Rio en 1992 (avec celles sur la lutte contre les changements climatiques et sur la préservation de la biodiversité). Bien qu’elle soit entrée en vigueur dès 1996, elle n’a jamais débouché sur une action d’ampleur internationale. Plusieurs explications sont avancées : le phénomène est complexe, il fait intervenir de nombreuses activités humaines, mais, surtout, il concerne très largement les pays pauvres. Cette dernière « justification » commence cependant à perdre de sa pertinence, car la désertification touche désormais de plus en plus de pays industrialisés ­ Japon, Corée du Sud, États-Unis, Espagne, etc. ­, et le phénomène est aggravé par le dérèglement climatique planétaire. Aujourd’hui, la désertification touche 200 millions d’habitants. Mais 1,2 milliard de personnes vivent dans des régions « à risque » représentant environ un tiers des sols ­ Chine, Inde, Pakistan, Asie centrale, Moyen-Orient, Argentine, Chili, Brésil et surtout en Afrique, où les deux tiers des terres cultivables pourraient avoir disparu d’ici à vingt ans. L’ONU estime que le phénomène pousserait 50 millions de personnes à migrer lors de la prochaine décennie « si rien n’est fait » . À terme, deux milliards d’habitants pourraient être victimes de la désertification, qui coûterait déjà près de 50 milliards d’euros en pertes annuelles.

Écologie
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