L’épreuve de la rue
dans l’hebdo N° 971 Acheter ce numéro
Après un galop d’essai des associations, des collectifs et des partis politiques de gauche contre les franchises médicales le 29 septembre, c’est au tour des organisations syndicales de mobiliser leurs troupes contre les réformes de Nicolas Sarkozy. La CGT, la FSU et l’Union syndicale Solidaires ont appelé à participer massivement le 13 octobre à la manifestation parisienne organisée à l’origine par deux fédérations nationales, la Fnath, pour les accidentés de la vie, et l’Andeva, pour les victimes de l’amiante. Les deux associations ont d’ailleurs pris soin de rappeler aux organisations syndicales que « cette manifestation des victimes d’accidents du travail et des maladies professionnelles [était] centrée uniquement sur la question des risques professionnels » .
La CGT, seule confédération à participer à ce mouvement, a pris sa décision après le discours présidentiel du 18 septembre et sans attendre l’issue des négociations sociales sur les conditions de travail du 9 octobre, ni les négociations sur l’emploi et le pouvoir d’achat prévues le 23 octobre. « Ce sera la première mobilisation de rue depuis les élections. Il faut se rappeler qu’au début du mouvement contre le CPE, nous n’étions que quelques milliers » , a prévenu Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, qui défilera « pour défendre le droit à la santé, le refus de la franchise médicale, la réparation des accidents du travail, la reconnaissance des travaux pénibles » .
Il faudra cependant attendre le mouvement syndical du 18 octobre pour se rendre compte du rapport de force engagé contre les projets de remise en cause des régimes spéciaux de retraite. Cheminots, électriciens et salariés de la RATP seront en grève à l’appel de quasiment toutes les fédérations et ne seront pas seuls puisque les syndicats d’autres secteurs, notamment de la Fonction publique (CGT, FSU et Solidaires) et de l’ANPE (SNU, CGT, FO et SUD), se sont joints au mouvement. Les syndicats concernés auront entre les mains un document d’orientation qui doit préciser les principes généraux d’harmonisation des régimes spéciaux. Il servira de base à la rédaction d’un décret dans les prochaines semaines, car le gouvernement veut aligner avant la fin de l’année les régimes spéciaux sur celui de la Fonction publique.
La fédération CFDT de la branche des industries électriques et gazières a menacé d’un « conflit majeur » si le gouvernement passait en force, et la CGT a fait de la journée du 18 octobre « une étape importante » . Pour sa part, la FSU considère que la situation et la politique auxquelles les personnels sont confrontés « nécessitent d’amplifier la construction d’un mouvement unitaire au sein de l’Éducation et de la Fonction publique » . L’ensemble des organisations syndicales de fonctionnaires (excepté la CFE-CGC) ont pour leur part convenu de se retrouver le 26 octobre pour « décider des modalités d’une action nationale à la mi-novembre » .
Nicolas Sarkozy et François Fillon se préparent donc à affronter leur premier conflit social de « haut niveau » , assure Bernard Thibault. Le gouvernement est à la manoeuvre pour en empêcher la montée en puissance. Le Premier ministre pourra compter sur son camp libéral et aura l’appui d’un ensemble d’organisations (Liberté chérie, Contribuables associés et l’Institut français de recherche sur les administrations publiques) qui distribueront des tracts le 18 octobre pour exprimer la voix de la « majorité silencieuse » . Les trois organisations ont également prévu d’organiser une manifestation si le conflit social se durcissait.